France / Politique

Municipales: comment s'en sont sortis les ministres?

Temps de lecture : 4 min

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault entouré de ses ministres, le 3 janvier 2014 | REUTERS/Benoit Tessier
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault entouré de ses ministres, le 3 janvier 2014 | REUTERS/Benoit Tessier

Ils étaient 16 ministres prendre part à l'édition 2014 des municipales (tous les résultats au bas de l'article). De Manuel Valls à Aurélie Filippetti en passant par Laurent Fabius ou Frédéric Cuvillier, très rarement en tête de liste, ces représentants du gouvernement ont préféré faire office de soutien à des candidatures déposées dans des communes où ils ont le plus souvent exercé des fonctions locales.

Car, à l'instar de son prédécesseur Lionel Jospin en 2011, Jean-Marc Ayrault a été très clair: il n'y aura pas de cumul des fonctions municipales et des portefeuilles ministériels. C'est la ligne de conduite imposée dès l'entrée des ministres au gouvernement, qui ont dû abandonner leur siège de maire, et établie dans la charte de déontologie signée dès le premier conseil des ministres.

La situation diffère donc quelque peu de 2008, où 2 membres du gouvernement sur 3 se présentaient, «dont 11 comme têtes de liste», écrivait alors Challenges, avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy.

En tant que tel, les résultats ne sont donc pas comparables point par point. Les représentants du gouvernement actuel obtiennent néanmoins un résultat moins favorable que les ministres candidats en 2008. Sur les onze prétendants à une mairie à l'époque, seul Xavier Darcos, alors ministre de l'Education, avait enregistré une défaite, au second tour –sa liste se voyant devancée d'une centaine de voix.

A l'issue de ce premier tour, on peut déjà noter que la ministre déléguée aux personnes âgées Michèle Delaunay, qui se présentait en seconde postion, arrive loin derrière l'UMP, à 23,5% contre 59,7% pour son maire historique, Alain Juppé.

Deux autres ministres auront les plus grandes difficultés à emporter le scrutin. A Laval en Mayenne, sur des terres qu'il a péniblement arrachées à la droite en 2008, le ministre délégué chargé de l'agroalimentaire Guillaume Garot enregistre des résultats peu favorables: la liste du maire sortant PS sur laquelle il figure en troisième place obtient 34,5%, loin derrière les 46% du candidat UMP/UDI.

Plus surprenant, le faible résultat de Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre de la Santé, en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, à Marseille. Avec 25,3%, la liste dont elle avait pris la tête dans le troisième secteur de la ville (4e et 5e arrondissements) est devancée par le maire sortant UMP-UDI, Bruno Gilles, qui collecte 41,5%. Un résultat à l'image de la claque reçue par l'ensemble des équipes du candidat socialiste Patrick Mennucci. Et d'autant plus dommageable que ce secteur devait basculer à gauche pour que cette dernière puisse espérer remporter la mairie (vous pouvez jouer avec notre simulateur d'élections municipales à Marseille).

D'autres résultats sont néamoins plus réjouissants pour le gouvernement de Jean-Marc Ayrault: c'est le cas de la liste de Stéphane Le Foll au Mans, de celle de Michel Sapin à Argenton-sur-Creuse dans l'Indre ou de Frédéric Cuvillier à Boulogne-sur-Mer, qui enregistre près de 50% des voix. Tête de liste, il aurait d'ores et déjà choisi de privilégier ses fonctions ministérielles.

Quoi qu'il arrive, les résultats des ministres aux municipales ne semblent traditionnellement ne pas remettre en cause la légitimité de leur représentation au niveau national. En 2008, malgré sa défaite, Xavier Darcos a ainsi conservé son poste au ministère de l'Education, avant d'être transféré en 2009 au Travail.

Même topo en 2001, alors que certains poids-lourds socialistes avaient enregistré des défaites, parfois sévères. Ainsi Jack Lang à Blois, où il se représentait; ou Elisabeth Guigou, très largement battue à Avignon. Les deux ont conservé leur place au gouvernement: le premier à l'Education, la seconde au ministère de l'Emploi et de la solidarité.

Les résultats des 16 ministres

  • Manuel Valls, ministre de l’Intérieur | 3e sur la liste de Francis Chouat à Evry, Essonne qu'il a dirigée de 2001 à 2012:
  • Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères | 11e sur la liste de son successeur au Grand-Quevilly, Seine-Maritime dont il a été maire de 1995 à 2000:
  • Pierre Moscovici, ministre de l'Economie | 3e sur la liste du maire sortant Daniel Petit Jean à Valentigney, Doubs, où il est conseiller municipal depuis 1995: 47,11%
  • Michel Sapin, ministre du Travail | 3e place à Argenton-sur-Creuse, Indre, où il a été maire depuis 1995: 51,18%
  • Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture | 7e place au Mans, Sarthe: 34,74%
  • Aurélie Filippetti, ministre de la Culture | 2e sur la liste du maire sortant à Metz, Moselle, où elle est députée dans la 1ère circonscription: 35,68%
  • Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées | 2e sur la liste PS à Bordeaux, Gironde: 22,58% (Alain Juppé, LUD, élu au 1er tour)
  • Guillaume Garot, ministre délégué chargé de l'Agroalimentaire | 3e sur la liste de gauche à Laval, Mayenne, dont il a été maire en 2008: 34,52% (derrière la liste LUD 46,40%)
  • François Lamy, ministre délégué à la Ville | 2e sur la liste de gauche de Palaiseau, Essonne dont il a été maire de 2001 à son entrée au gouvernement: pas de résultat pour le moment
  • Benoît Hamon, ministre délégué à l'Economie sociale | 5e à Trappes, Yvelines, où il a été député jusqu'en 2012: pas de résultat pour le moment
  • Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée auprès de la ministre de la Santé, en charge des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion | Tête de liste dans le troisième secteur à Marseille (4e et 5e arrondissements): 25,3%, (derrière le maire sortant UMP-UDI, Bruno Gilles: 41,5%)
  • Yamina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie | 4e position, sur la liste PS-PC-PRG dans le 10e arrondissement de Paris: pas de résultat pour le moment
  • Valérie Fourneyron, ministre des Sports | 2e sur la liste d'Yvon Robert, maire socialiste sortant de Rouen, Seine-Maritime, dont elle a été maire de 2008 à son entrée au gouvernement: 30,24%
  • Pascal Canfin, ministre délégué au Développement | Dernier sur la liste d'EELV dans le 12e arrondissement de Paris: pas de résultat pour le moment
  • Cécile Duflot, ministre du Logement | Dernière sur la liste d'EELV dans le 11e arrondissement de Paris: pas de résultat pour le moment
  • 

Frédéric Cuvillier, ministre délégué aux Transports, à la Mer et à la Pêche | Tête de liste à Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais dont il a été maire de 2002 à son entrée au gouvernement: 49,82%

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