Dans l'émission Des paroles et des actes du jeudi 6 février, Florian Philippot a profité d'un débat sur le droit d'asile pour évoquer le cas d'Ewdard Snowden. Face à Manuel Valls, le vice-président du Front national a glissé (à 1:40:35):
«Moi je l’aurais accordé [le droit d'asile, NDLR] à monsieur Snowden, l’homme qui a révélé les écoutes de la NSA. Ça, c’est le vrai droit d’asile. Et la France aurait été grande en l’accordant à monsieur Snowden. Malheureusement elle ne l’a pas fait.»
Florian Philippot a ensuite dénoncé les «diatribes» du ministre de l'Intérieur à l'encontre de YouTube et de Twitter, évoquant notamment l'information selon laquelle la France serait le pays qui exigerait du réseau social le plus de suppression de contenu.
Se disant «obsédé par la sécurité», Manuel Valls a répondu en pointant le rôle d'Internet dans le terrorisme, disant lutter contre la «cybercriminalité».
Ces déclarations du responsable du Front national n'ont rien de surprenant: voilà quelques temps que le parti d'extrême droite multiplie les déclarations touchant aux libertés numériques. Au cours de la dernière campagne présidentielle, il se présentait ainsi comme l'une des formations politiques les plus réactives sur le sujet. Acta, Hadopi, fermeture de Megaupload: à chaque fois, le FN s'est fendu d'un communiqué de presse, quand sa chef de file Marine Le Pen déclarait:
«Je suis une ardente défenseure d’Internet et de la liberté sur Internet.»
Marine Le Pen lance la toile bleu marine par MarineLePen
Et d'ajouter qu'elle songeait à une protection «au niveau constitutionnel», tout en se déclarant «seule parmi les candidats à la présidentielle [à accorder une] large place» à Internet. Et de fait: la campagne de 2012 a été marquée par une faible présence, doublée d'un intérêt tout aussi mince, de l'UMP et du PS, sur les sujets numériques.
La nature ayant horreur du vide, le Front national s'engouffre donc logiquement dans l'ouverture béante laissée par les partis majoritaires sur ces enjeux, bénéficiant en plus de l'appui d'une droitosphère extrêmement bien organisée sur Internet.
L'exemple de l'affaire Snowden n'en est que la dernière preuve en date, suscitant une indignation bien tardive et timorée du gouvernement français –et encore, qui n'a pas tout de suite été liée aux intérêts des citoyens français.
Nous avions interrogé François Hollande
à l'occasion du Conseil européen d'octobre 2013Ajoutez à cela l'adoption polémique de la Loi de programmation militaire ou la volonté de bloquer sans juge les sites Internet et il semblerait que sur Internet, le gouvernement actuel, tout comme le précédent, préfère les questions de sécurité aux enjeux de libertés. Une orientation susceptible de fléchir, à condition par exemple que la fameuse loi libertés numériques annoncée en février dernier, prévue début 2014 et finalement reportée à l'été, traite réellement de libertés sur Internet.