Sur le site de campagne d’Anne Hidalgo, le visiteur est accueilli dans la rubrique «Mon parcours» par une photo en noir et blanc de la candidate à l’école primaire. C’est mignon.

Site de campagne d'Anne Hidalgo
A moins qu’on ne préfère la bouille boudeuse de la petite Nathalie Kosciusko-Moriz
Et après tout, les goûts et les couleurs…
Site de campagne de NKM
Sur le site de la candidate UMP, la rubrique «NKM, son parcours» débute avec la sous-rubrique intitulée «Enfance». «Enfance»: comme l’aveu de l’infantilisation générale qu’a entraîné, dans la communication politique, la vague néfaste du storytelling, cette technique américaine qui consiste à tisser des «récits» plutôt qu’à convaincre par des arguments, à user du registre de l’émotion plutôt qu’à celui de la raison.
Les deux sites ressemblent à s'y méprendre à celui lancé par Angela Merkel lors des élections législatives allemandes en septembre. Un site sur lequel la candidate livrait, entrecoupées de photos officielles très institutionnelles, des images de sa jeunesse.
Après la période du lycée, des classes prépas et de Polytechnique, le visiteur du site de la candidate UMP pour la mairie de Paris tombera peut-être sous le charme du soufflé au chocolat, car NKM «ne sait faire qu'un dessert, mais il est vraiment bien. C'est un soufflé au chocolat sans farine. Donc très léger. Il tient avec la cuisson du sucre».
Site de campagne de NKM
La mode est manifestement au «gnan-gnan», avec un positionnement sur l'intime plus marqué encore chez la candidate UMP. Sur les deux sites, plutôt réussis, montés sur le même modèle, le visiteur plonge dans le récit mythifié des candidates en «scrollant» la page, découvrant des tranches de vie, des petits confidences, des idées parfois, mais alors tellement peu engageantes, tellement langue de bois, tellement clichés...
D'où vient le malaise? Est-ce parce que ces deux sites se ressemblent trop, et qu'ils ressemblent trop tous les deux à des sites-plaquettes de multinationales, rubrique «Nos valeurs»? Ainsi, quand on lit la phrase «Le numérique doit être au service de l'humain», est-ce du Hidalgo, du NKM, ou la page Qui sommes-nous de la dernière start-up à la mode?
J.-L.C.