Etes-vous vraiment certaines et certains que le texte des «343 salauds» mérite un débat? Voire qu’il participe au débat sur la prostitution en France? Les signataires du texte publié dans Causeur, provocation manifestement réussie puisqu’elle a eu l’heur de faire parler toute la presse –y compris nous donc– veulent le croire (en tout cas, je suis certain que chaque tweet sur le sujet doit déclencher chez eux les rires bien gras de ceux qui ont réussi une bonne blague de fin de banquet). On peut surtout estimer qu’il «ajoute des boules puantes dans un débat qui manque désespérément de recul et d'intelligence». On peut aussi lire la réponse de Morgane Merteuil, du Syndicat du travail sexuel, qui, tout en étant contre la pénalisation des clients, dénonce le discours anti-féministe de l'appel: «Nous ne sommes pas vos putes».
Nous reviendrons sur ce débat sur Slate, auquel nous avons déjà consacré quelques tribunes.
Quant au texte –et surtout la référence de ces «343 salauds» (à droite, en partie) au manifeste improprement qualifié «des 343 salopes» (à gauche, rédigé par Simone de Beauvoir )–, je trouve qu’il manque sévèrement de burnes.
LES 343 SALOPES «Un million de femmes se font avorter chaque année en France. Elles le font dans des conditions dangereuses en raison de la clandestinité à laquelle elles sont condamnées, alors que cette opération, pratiquée sous contrôle médical, est des plus simples. On fait le silence sur ces millions de femmes. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. De même que nous réclamons le libre accès aux moyens anticonceptionnels, nous réclamons l'avortement libre.» |
LES 343 SALAUDS «En matière de prostitution, nous sommes croyants, pratiquants ou agnostiques. Certains d’entre nous sont allés, vont, ou iront aux “putes” – et n’en n’ont même pas honte. D’autres, sans avoir été personnellement clients (pour des raisons qui ne regardent qu’eux), n’ont jamais eu et n’auront jamais le réflexe citoyen de dénoncer ceux de leurs proches qui ont recours à l’amour tarifé. Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d’une répression déguisée en combat féministe. Qu’il nous arrive ou pas de payer pour des relations charnelles, nous ne saurions sous aucun prétexte nous passer du consentement de nos partenaires. Mais nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes – et même d’aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs. Nous n’aimons ni la violence, ni l’exploitation, ni le trafic des êtres humains. Et nous attendons de la puissance publique qu’elle mette tout en œuvre pour lutter contre les réseaux et sanctionner les maquereaux. Nous aimons la liberté, la littérature et l’intimité. Et quand l’Etat s’occupe de nos fesses, elles sont toutes les trois en danger. Aujourd’hui la prostitution, demain la pornographie : qu’interdira-t-on après-demain ? Nous ne céderons pas aux ligues de vertu qui en veulent aux dames (et aux hommes) de petite vertu. Contre le sexuellement correct, nous entendons vivre en adultes. Tous ensemble, nous proclamons : Touche pas à ma pute ! |
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SIGNATAIRES | SIGNATAIRES | |
J. Abba-Sidick Janita Abdalleh Monique Anfredon Catherine Arditi Maryse Arditi Hélène Argellies Françoise Arnoul Florence Asie Isabelle Atlan Brigitte Auber Stéphane Audran Colette Audry Tina Aumont L. Azan Jacqueline Azim Micheline Baby Geneviève Bachelier Cécile Ballif Néna Baratier D. Bard E. Bardis Anna de Bascher C. Batini Chantal Baulier Hélène de Beauvoir Simone de Beauvoir Colette Bec M. Bediou |
Frédéric Beigbeder Antoine (Pub Attol) Daniel Leconte Eric Zemmour Nicolas Bedos Richard Malka Basile de Koch Philippe Caubère Marc Cohen Claude Durand Jean-Michel Delacomptée David di Nota Jacques de Guillebon Jérôme Leroy Gil Mihaely Ivan Rioufol Luc Rosenweig François Taillandier
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Allez les gars, encore un effort et vous serez vraiment politiquement correct et drôle. Mais ça sera une autre fois.
J.H.