A Slate, on aime bien les histoires de valises de billets, comme celles de Robert Bourgi, ancien monsieur Afrique de Jacques Chirac qui lui ramenait des djembés remplis de coupures de Ouagadougou, ou d’Alexandre Galdin, qui s’est musclé les bras en transportant des valises d’argent liquide pour le compte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. A tel point qu’on avait consacré un article en 2011 à ce à quoi pouvaient ressembler ces sommes en liquide, combien elles pesaient et quel volume elles occupaient.
C’est donc tout naturellement que nous nous replongeons aujourd'hui dans nos calculs pour parler des Tupperware de Didier Schuller. Didier Schuller, c’est le personnage central du livre French corruption publié cette semaine par les deux journalistes d’investigation du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Ancien conseiller général (RPR) de Clichy-la-Garenne et ex-patron de l’office HLM des Hauts-de-Seine, il y révèle les nombreuses malversations dont il a été témoin dans ce département clé du gaullisme pendant un demi-siècle. Et notamment comment, un jour de 1990, Patrick Balkany l’appelle et lui annonce que Jacques Chirac a besoin de trouver de l’argent urgemment, «sans doute dans la perspective des prochaines échéances électorales».
Schuller demande alors à son homme de confiance d’aller chercher l’argent liquide à Zurich, et décide quand celui-ci lui ramène la somme de la stocker dans des boîtes en plastique. «Deux millions, ça fait deux gros Tupperware remplis de billets de 500 francs» précise le repenti dans le livre. Mais à quoi donc ressemblaient ces Tupperware?
Deux millions de francs en billets de 500 francs Pascal (les seuls billets de 500 de l’époque), cela fait 4.000 billets. En sachant que les billets modernes (euros ou encore dollars) mesurent autour de 0,1 mm d’épaisseur, et que le volume d’un parallélépipède rectangle est égal à la longueur x la largeur x la hauteur, le volume de 4.000 billets de 500 F Pascal est de:
180 x 97 x 0,1 x 4.000 = 6.984.000 mm3 = 6,984 litres
En rajoutant un peu de volume dû au fait que les billets ne sont pas parfaitement entassés et sans doute disposés par liasses avec des bandeaux qui prennent aussi de l’espace, on peut arrondir à 7 litres, soit 3,5 litres par boîte de plastique.
Voilà donc la taille des deux Tupperware de 3,5 litres que Didier Schuller a enfouis dans la forêt avant que des sangliers ne les déterrent, procurant une grosse frayeur à l’homme politique:
18,2 x 18.2 x 17.2 cm
Pour comparaison, la version ultra-moderne UltraPro 3,5 litres, qui va aussi bien dans le four, le micro-ondes, le congélateur que sur la table, peut contenir un gros rôti de poulet, d’agneau ou de bœuf: