Chaque été, avec le traditionnel jeu des promotions et des relégations de fin de saison, la composition de la Ligue 1 change, entraînant la publication de cartes montrant la nouvelle géographie du football de haut niveau français avec les 20 clubs qui composent le championnat.
Mais qu’en est-il du football amateur, ce monde merveilleux si bien décrit sur la page Facebook puis dans le livre Les phrases qu’on peut entendre qu’au niveau district?, où des centaines de milliers de passionnés jouent chaque semaine sur les terrains plus ou moins bien entretenus des quatre coins du pays?
La vraie carte du football français vient de prendre forme grâce aux données publiées par le ministère des Sports à travers Etalab, rassemblées et mises en forme par l’internaute Matamix. La carte ci-dessous montre le nombre de licenciés de la Fédération française de football par commune, ou plutôt la proportion de licenciés par rapport à la population totale de chaque commune (plus le pourcentage est élevé, plus la couleur de la commune est foncée), ainsi que la part de jeunes et de femmes licenciés (des chiffres moins visibles car ils ne sont pas représentés par des couleurs).
Pour avoir la version originale et interactive, cliquez ici. Le résultat est passionnant, et permet en un coup d’œil de se rendre compte de quelques évidences.
Premier constat qui saute aux yeux, la Bretagne et ses alentours est le cœur de la France du football amateur. La zone qui se trouve à l’ouest d’une ligne imaginaire La Rochelle-Le Mans-Saint-Malo contient clairement une proportion élevée de footballeur par habitant, avec plus de 10% d’habitants ayant une licence dans bon nombre de communes, et jusqu’à 13% dans la petite commune d’Athée, en Mayenne. Une passion bretonne pour le football qui se retrouve au plus haut niveau, avec cette saison pas moins de 4 clubs (sur un total de 20) qui évoluent en Ligue 1 (Rennes, Guingamp, Nantes et Lorient).
L’autre grand réservoir de footballeurs amateurs, l’Alsace, est plus étonnant étant donné que la région ne compte aucun club en Ligue 1 depuis la relégation de Strasbourg en 2008. On retrouve ensuite d’autres départements bien représentés comme le Pas-de-Calais et la Seine-Maritime, tandis qu’une sorte de diagonale du football relie la Bretagne à la région lyonnaise en passant par le Poitou-Charentes et l’Auvergne.
Dernier enseignement majeur de la carte, les grands centres urbains sont, en proportion de leur population, très peu représentés dans le football amateur. La part de licenciés ne dépasse pas les 1% dans Paris intramuros et n’est pas beaucoup plus élevée dans sa banlieue, tandis qu’elle oscille entre 2% et 3% à Lyon, Marseille, Toulouse ou encore Nice. Le manque d’infrastructures, en l'occurence de terrains de foot, parfois flagrant dans les grandes villes, y est sans doute pour quelque chose.
Il est intéressant de comparer cette carte avec celle des clubs de l’élite ci-dessous réalisée par L’Equipe:
Ou encore avec celle de l’origine géographique des joueurs de l’équipe de France réalisée par Les Cahiers du football il y a quelques mois:
On se rend compte par exemple que les grandes villes, peu représentées proportionnellement dans le football amateur, sont d’importants viviers de joueurs pour la sélection nationale. Plutôt logique, puisqu'en termes de nombre total de licenciés, Paris reste bien au-dessus d'Athée dans la Mayenne.