France

Brétigny-sur-Orge: le mystère persiste autour d'éventuels incidents

Temps de lecture : 3 min

A la gare de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013. REUTERS/Benoit Tessier
A la gare de Brétigny-sur-Orge, le 12 juillet 2013. REUTERS/Benoit Tessier

Y a-t-il eu des scènes de pillage et de caillassage dans la gare de Brétigny-sur-Orge dans les minutes et les heures qui ont suivi l’accident de train du vendredi 12 juillet? Une semaine exactement après le déraillement qui a coûté la vie à six personnes et fait une trentaine de blessés, personne n’est capable d’apporter une réponse définitive à cette question, mais le principal témoignage faisant état de vols sur les victimes est fortement fragilisé.

Vendredi 12 juillet, 17h14 - le train déraille

Les premiers secours arrivent entre 17h25 et 17h30.

Vendredi 12 juillet – première évocation de dépouillement de victimes

La première à évoquer de telles scènes est Nathalie Michel, qui fait partie du syndicat de police Alliance. Le soir de la catastrophe, elle fait le récit suivant sur Europe 1:

«A 17h30, alors que nos collègues interviennent, ils voient un groupe de jeunes […] présents pour dépouiller les victimes et notamment les premiers cadavres.»

Samedi 13 juillet – autres témoignages et démentis des autorités

Le lendemain, Le Monde cite à son tour des témoins selon lesquels «une trentaine de jeunes venus des environs auraient tenté de voler des effets des victimes, sacs, portables ou autres» et «caillassé les pompiers qui intervenaient, avant d'être évacués hors du périmètre par les CRS». Dans le même article, le quotidien cite les secouristes du SAMU et de la Croix-Rouge qui affirment n’avoir assisté à aucun caillassage ni pillage.

Plusieurs témoignages de journalistes, d’Essonneinfo et de FranceInfo, démentent tout «pillage» ou «caillassage» et parlent plutôt de tensions.

Dès le lendemain, les autorités minimisent l’ampleur des actes. Le ministre des transports, Frédéric Cuvillier, indique n'avoir pas eu connaissance «de victimes dépouillées», parlant simplement d'«une tentative de vol de portable» et de «pompiers qui, par petits groupes, ont été accueillis de façon un peu rude».

Jeudi 18 juillet – Le Point relance l’hypothèse de vols et de caillassage

Les déclarations du ministre semblaient avoir clos le début de polémique autour des évènements. Mais Le Point publie un article basé sur le rapport fait par la Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité (DCCRS) de leur mission de sécurisation autour de l’accident. Selon l’article, la note contient notamment ces passages:

«A leur arrivée, les effectifs de la CRS 37 devaient repousser des individus, venus des quartiers voisins, qui gênaient la progression des véhicules de secours en leur jetant des projectiles […]. Certains de ces fauteurs de troubles avaient réussi à s'emparer d'effets personnels éparpillés sur le sol ou sur les victimes.»

Le monde souligne que les notes de synthèses hebdomadaires de la DCCRS contiennent des rapports «bruts» et ne sont le résultat d’aucune enquête.

Vendredi 19 juillet – Les incohérences d’Alliance

Une source préfectorale citée par l’AFP pointe les incohérences entre les vols décrits par la représentante d’Alliance, qui est à l’origine de la polémique, et l’heure d’arrivée des CRS. Selon cette source, la première section de CRS est arrivée à 19h sur les lieux, soit 1h46 minutes après l’accident, tandis que les secours sont arrivés à peine un quart d’heure après le drame, entre 17h25 et 17h30. La deuxième section est arrivée à 20h23 selon la même source.

Ces heures d’arrivées sont plausibles en prenant en compte le délai entre le moment de l’accident et celui où les CRS ont été réquisitionnés, et le fait que les deux sections appartenaient à la CRS 37-Strasbourg actuellement stationnées à Meaux, qui se situe à environ 80 km de route de Brétigny-sur-Orge, soit environ une heure de voiture.

Si la source préfectorale dit vrai, les CRS n’ont donc pas pu constater d’eux-mêmes les vols sur les victimes et les cadavres évoqués par la syndicaliste d’Alliance, qui ont eu lieu peu après 17h30. Contacté par Slate.fr, le syndicat Alliance n’a pas pu nous confirmer l’heure d’arrivée des CRS.

Quelques points à éclaircir: le texte de la DCCRS ne précise pas l'heure d'arrivée des CRS. Parlent-ils d’autres faits? Ont-ils assisté à ces vols ou recueilli des témoignages les accréditant? Il y a clairement un problème de chronologie des faits, sinon des faits eux-mêmes.

G.F.

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