Lors de la conférence de presse qu'elle a tenu ce jeudi après son limogeage du gouvernement, l'ancienne ministre de l'Ecologie Delphine Batho s'est énervée que certains patrons d'entreprises liées à l'énergie aient eu des informations sur son départ avant que la décision soit annoncée.
L'ex-ministre a (entre autres) dit:
«Comment est-il possible que le patron de Vallourec ait pu annoncer ma mise à l'écart des semaines à l'avance devant des actionnaires?»
«Que le patron de Vallourec dise que je suis un désastre parce que je fais rempart au gaz de schiste et que je veux réduire la part du nucléaire, c'est une chose, qu'il annonce ma mise à l'écart à l'avance, c'en est une autre. De quelle informations disposait-il pour être si sûr de lui?»
Le patron de Vallourec –une entreprise cotée au CAC 40 spécialisée dans la fabrication de tubes sans soudure destinés au forage pétrolier et autres finalités liées à l'énergie– est Philippe Crouzet. Challenges racontait ce 3 juillet que le mois dernier, lors d'un voyage aux Etats-Unis, il avait dit que Batho était «un vrai désastre»:
«Philippe Crouzet [...] avait ajouté que le problème Batho était en passe d'être réglé, car son influence au gouvernement allait désormais décroître.»
Quel est le rapport avec le gouvernement? Philippe Crouzet est le mari de Sylvie Hubac, directrice du cabinet de François Hollande (un lien que Delphine Batho s'est gardée d'énoncer directement). Dans un communiqué de mai 2012, l'UMP la ciblait directement et affirmait à son endroit qu'«il n'y a pas si longtemps, la gauche criait au conflit d'intérêt pour moins que ça» [PDF].
Major de l'ENA, tout comme sa femme (issue de la fameuse promotion Voltaire, comme François Hollande, Michel Sapin, Ségolène Royal, Pierre-René Lemas, le secrétaire général de l'Elysée...) ancien membre du Conseil d'Etat, Philippe Crouzet a passé 22 ans chez Saint-Gobain avant d'être choisi à la présidence du directoire de Vallourec. Il dit aux Echos être avant tout un chef d'entreprise, pétri de culture industrielle, aux antipodes «du glamour, de la poudre aux yeux et du court termisme». Et il est l'un des rares amis patrons du chef de l'Etat.
En 2012, le président du directoire a été secoué lors d'une Assemblée générale de Vallourec le 31 mai, ses actionnaires critiquant sa stratégie et son salaire qu'ils jugeaient trop élevé vues les difficultés de l'entreprise à l'époque. Il était 38e au classement 2013 des patrons les mieux payés du CAC 40 de L'Expansion, avec un salaire total d'1,03 million d'euros.
C.D.