Selon une enquête de plusieurs mois publiée mardi 11 juin dans le Télégramme, la base militaire de l’île Longue (Finistère), où stationnent les quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de l'armée française, comporte de nombreuses failles de sécurité. C’est aussi dans cette base que doit être assemblé le M51, le missile balistique intercontinental chargé de têtes nucléaires.
Comme on peut le lire dans un résumé publié sur Le Monde, l’identification des personnels qui travaillent sur le site «s'effectue au moyen de badges nominatifs équipés d'une simple bande magnétique (très facilement copiable) et d'une photo», et il n’y a aucun système de reconnaissance biométrique, pourtant beaucoup plus sûrs. Les véhicules peuvent entrer et sortir grâce à «un vulgaire morceau de feuille de papier blanc où figurent quelques informations basiques». Le journal breton a également constaté que la ligne électrique qui fournit l’île Longue n’était pas protégée, bien que les zones sensibles de la base soient en théorie autonomes.
Le Télégramme affirme qu'en juin 2012, deux individus possédant un badge noir, qui dispense de tout contrôle, ont pu pénétrer dans la base, arriver jusqu’à un sous-marin nucléaire et repartir sans être inquiétés. Il s’agissait d’un test probablement effectué par un commando de la Marine. La base est gardée pour une bonne partie par des gendarmes adjoints volontaires, jeunes et peu expérimentés.
Le journal s’inquiète enfin de l’absence de chicane à l’entrée de la base. Un camion piégé pourrait rouler jusqu’au principal sas d’entrée de la base sans être stoppé. «Pourquoi l'installation la plus névralgique de France est parfaitement visible, dans ses moindres recoins, sur Google Earth», s'interroge également le quotidien, selon lequel on distingue nettement sur ces images les maisons du commandant du sous-marin Le Triomphant et du commandant de la base, dont «le chemin qui les longe ferait "un lieu d'embuscade idéal"» selon un spécialiste de la sécurité, puisque ces habitations ont un accès direct à la base.
Google Earth
Plusieurs mesures pourraient néanmoins être prises dans les prochains mois, écrit le Télégramme, qui évoque un déploiement possible de batteries de missiles sol-air sur la presqu'île de Crozon pour protéger la base. Aucune batterie de ce type n'existe à l'heure actuelle sur le site.
En mai dernier, le sixième test du missile (non chargé) M51 modernisé depuis le sous-marin Le Vigilant, au large de la Bretagne, s'est soldé par un échec. Le missile s'est autodétruit peu après son lancement.