Deux mois et dix jours après le vote en première lecture à l'Assemblée du projet de loi ouvrant le mariage aux couples homosexuels, le texte a été définitivement adopté, mardi 23 avril, par 331 voix pour, 225 contre et 10 abstentions volontaires (équivalent parlementaire du vote blanc). Il a été approuvé exactement dans les mêmes termes qu'au Sénat, mettant fin à la navette parlementaire: la dernière étape restant avant sa promulgation est son examen par le Conseil constitutionnel.
Si le vote a très légèrement moins mobilisé que le 12 février (566 députés sur 574 ont voté, contre 568 sur 575 à l'époque), le texte est officiellement un tout petit peu mieux voté, avec 2 pour en plus, 4 contre en moins et autant d'abstentions volontaires. On dit «officiellement» car, si l'on tient compte des corrections apportées après coup par des députés qui ont voté pour par erreur, on arrive en fait à 327 voix pour, 230 contre et 10 abstentions.
Et parmi les étourdis, on compte pas moins qu'Henri Guaino, pourtant un des plus engagés contre le texte, ainsi que Luc Chatel. L'ancienne plume de Nicolas Sarkozy s'en est expliquée au Lab:
«Vous avez vu le bordel qu’il y avait? J’ai jamais vu un tel bordel à l’Assemblée! Il y avait trois boutons qui clignotaient, oui, je me suis trompé de bouton!»
Les mêmes dissidents à droite...
En 1999, seuls quatre élus de droite avaient divergé, lors de la dernière lecture du Pacs, en votant pour le texte (Roselyne Bachelot, avec un discours resté célèbre) ou en s’abstenant (Jean-Louis Borloo, Philippe Séguin). Cette fois-ci, ils sont davantage.
A l'UMP, Benoît Apparu et Franck Riester ont voté pour, comme en première lecture, et cinq élus se sont abstenus, là encore comme en première lecture: Nathalie Kosciusko-Morizet (qui avait défendu une «abstention militante et engagée»), Bruno Le Maire (qui s'était dit favorable à l'égalité des droits, mais avec des doutes sur le «projet de société» du gouvernement), Nicole Ameline, Pierre Lellouche et Edouard Philippe.
A l'UDI, cinq élus ont voté pour, comme en première lecture: Jean-Louis Borloo, Philippe Gomès, Yves Jégo, Sonia Lagarde et Jean-Christophe Lagarde.
... et un «pour» de plus à gauche
La gauche n'a pas non plus enregistré de nouvelle défection par rapport à février, avec même un changement «positif»: l'élu socialiste de Mayotte Ibrahim Aboubacar, qui s'était abstenu en première lecture, a cette fois-ci voté pour. L'écart avec le total de voix de février s'explique en fait par l'invalidation de deux députées PS des Français de l'étranger (Corinne Narassiguin et Daphna Poznanski-Benhamou) et le départ du suppléant de Jérôme Cahuzac après la démission du gouvernement de ce dernier.
De nombreux députés ultramarins, qui avaient en masse fait part de leurs réticences sur le texte, ont une nouvelle fois divergé de la majorité en rejetant la loi, aussi bien au sein du groupe socialiste (Patrick Lebreton et Gabrielle Louis-Carabin) que radical (Ary Chalus et Thierry Robert) ou communiste et apparentés (Bruno Nestor Azérot, Alfred Marie-Jeanne et Jean-Philippe Nilor).
On compte aussi des défections du côté des chevènementistes (Jean-Luc Laurent et Marie-Françoise Bechtel, rattachés au groupe PS mais qui disposent de la liberté de vote, se sont abstenus) et d'une poignée d'élus socialistes métropolitains (Bernadette Laclais et Jérôme Lambert, dont l'opposition au texte était connue, ont voté contre, tandis que Jean-Philippe Mallé et Dominique Potier, le tombeur de Nadine Morano, se sont abstenus).
A signaler qu'un seul élu communiste a voté contre le texte, Patrice Carvalho (qui s'était déjà distingué, en 2000, en étant l'un des deux seuls députés de gauche à rejeter la seconde loi sur les 35 heures), et que le groupe EELV est le seul à avoir unanimement voté en faveur du projet de loi, comme en première lecture.