» A lire aussi: notre récit des évènements de jeudi soir; les unes de la presse de vendredi; la malédiction des ministres de Bercy; la chronologie du volet financement illégal de l'affaire Bettencourt; ce que dit le code pénal de l'abus de faiblesse.
18h40 Personne n'en parle plus depuis jeudi soir. Mais l'info part de là. De là? D'un enregistrement livré par le majordome de Liliane Bettencourt à des journalistes par l'avocat de l'héritière de la plus grande fortune de France, Françoise Bettencourt-Meyers, qui accusait le photographe François-Marie Banier d'abus de faiblesse. «Qui a décidé du moment de la publication des écoutes?, écrivait Sylvie Kaufmann, la directrice du Monde en 2010. Ce ne sont pas les médias, mais l'avocat Olivier Metzner.» Elle poursuit:
«Lorsqu'il propose ce "document explosif" aux médias deux semaines avant l'ouverture du procès Bettencourt, il a la maîtrise du calendrier et du message. Il sait, lui, quel est le moment qui convient le mieux à son propre calendrier d'avocat de Françoise Meyers-Bettencourt. Il sait que les médias n'auront pas le temps de faire un vrai travail d'enquête.
Me Metzner ne s'en cache d'ailleurs même pas : "Je planifie tout à l'avance, a-t-il confié au Nouvel Observateur. Quand je communique, les instructions sont respectées : une agence fait un communiqué au jour dit, un journal publie l'info à un autre moment convenu d'avance, pareil pour les radios ou les télés."»
Récemment, Metzner était apparu dans les médias pour défendre un prêt de 300.000 euros accordé par sa cliente à la comptable Claire Thibout, qui avait été à l'origine des accusations de financement politique illégal contre Nicolas Sarkozy. Olivier Metzner, l'homme qui planifiait tout et qui a allumé la mèche de cet incroyable feuilleton politico-financier en cours, n'aura pas assisté à la mise en examen de l'ancien chef de l'Etat. Il a mis fin à ses jours il y a une semaine à peine.
17h50 Un article publié sur le site du Point en novembre 2012, une dizaine de jours avant la première audition de Nicolas Sarkozy par le juge Jean-Michel Gentil, connaît un regain d'intérêt chez les lecteurs. S'il fait en particulier le bonheur des fans de Nicolas Sarkozy qui, depuis jeudi et l'annonce de la mise en examen de l'ancien président, n'ont pas vraiment de raison de se réjouir, c'est parce qu'il évoque «un incident fâcheux [qui] entache quelque peu la réputation du juge».
De quoi s'agit-il? Alors qu'il est magistrat instructeur au TGI de Nanterre en 1995, le juge Gentil interroge plusieurs personnes arrêtées dans une affaire d'échange de coups de feu en banlieue parisienne, sur fond de différrend entre des trafiquants de drogue. Or, alors que tout le monde nie, Gentil affirme à l'un des suspects que d'autres «ont reconnu avoir tenté d'arnaquer des vendeurs de drogue». Un mensonge. Le juge aurait aussi, lors de la même affaire, menacé un suspect de prison s'il n'avouait pas. Promesse tenue, écrit Le Point.
Sur les réseaux sociaux, écrit par ailleurs Le Monde, les supporters de l'ancien président expriment «une réaction très majoritaire, sinon unanime: crier à la manipulation.»
17h34 L'amitié version Balkany. Invité de Bourdin ce vendredi matin sur RMC pour commenter la mise en examen de son ami Nicolas Sarkozy, le maire de Levallois, habitué des sorties pas toujours très fines, a salué un auditeur d'un amical «Je vous emmerde». Ce qu'on ferait pas pour les potes...
15h20 Voici les principaux papiers publiés ce vendredi par Slate sur la mise en examen de Nicolas Sarkozy:
- Le faux Facebook de l'affaire Bettencourt
- Comment prouve-t-on un abus de faiblesse?
- Des élus locaux déjà condamnés pour abus de faiblesse
- Sarkozy rattrapé au finish, ou la surprise d'une mise en examen
- Henri Guaino discrédite-t-il la justice?
- 1 partout, le regard de notre dessinateur Pessin
13h42 Coucou, tu veux voir mon tweet? Nous ne sommes pas dans la tête de Cécilia Attias, mais ce message de l'ex-Première dame posté jeudi soir près d'1h30 après l'annonce de la mise en examen vibre comme un tacle au niveau des genoux de son ancien époux:
"Children growing up in households headed by gay men or lesbians are not disadvantaged in any significant respect." nyti.ms/WXKcPM
— Cecilia Attias (@CeciliaAttias) 21 mars 2013
En envoyant vers un article du New York Times sur la bonne santé des enfants élevés dans des couples homosexuels, Cécilia Attias ne prend pas clairement position, évidemment, mais ce tweet fait écho aux prises de position de Nicolas Sarkozy contre l'ouverture du mariage à tous les couples —c'était sa position pendant la campagne électorale— et à sa dernière déclaration en date sur les enfants de couples gays et lesbiens. Dans un entretien on/off accordé —ou pas— à Valeurs Actuelles, l'ancien chef de l'Etat avait établi un curieux parallèle avec la viande de cheval:
«Quand on pense que le sujet du moment, c’est la traçabilité du bifteck! Tout le monde veut savoir s’il y a du cheval dans ce qu’on mange. Mais la traçabilité des enfants, qu’est-ce qu’on en fait? C’est tout de même plus important. Avec leur “mariage pour tous”, la procréation médicalement assistée, la gestation pour autrui, bientôt, ils vont se mettre à quatre pour avoir un enfant. Et le petit, plus tard, quand il demandera qui sont ses parents? On lui répondra: “Désolé, il n’y a pas de traçabilité”.»
Le magazine Têtu rappelait alors que les enfants de Nicolas Sarkozy, qu'il a eu avec trois femmes différentes —dont Cécilia— avaient quatre parents. Cécilia Attias, elle, s'est rappelée au bon souvenir de son ex-mari. Elle n'a pas tweeté depuis...
10h35 Sur son blog, l'assistant parlementaire Authueil (auteur de plusieurs tribunes sur Slate) juge «débiles» les réactions à droite, avec certaines prises de position «sidérantes»:
«S'il y a bien une demande sociale forte, c'est bien celle de l'égalité et du refus des privilèges et immunités pour "les élites" (surtout en période de crise économique profonde). Il va falloir que l'ensemble de la classe politique se mette bien ça dans la tête. Malheureusement, ça ne semble pas être le cas. Et après, ces mêmes élites vont pleurer sur la montée de Marine Le Pen! On récolte ce qu'on sème...»
10h15 La décision des juges bordelais de mettre en examen Nicolas Sarkozy, quatre mois après l'avoir placé sous statut de témoin assisté, a beaucoup surpris —une source citée par l'AFP estimait ainsi récemment qu'elle n'aurait pas lieu.
Mais il y a au moins une personne qui avait prédit la bourrasque: l'astrologue Elizabeth Teissier. Sur son site, on pouvait lire cette semaine pour le premier décan du signe du Verseau, dont est issu l'ancien président:
«Magnifique semaine, particulièrement dynamique, propice aux rencontres inattendues, aux démarches audacieuses. Votre entourage s’élargit, les idées nouvelles jaillissent... Foncez le 22! Tout peut changer inopinément, si vous êtes né vers le 28 —comme Sarkozy…»
Effectivement, pour l'ancien président, pas de semaine «magnifique» car tout a changé «inopinément». Sur le coup, Elizabeth Teissier a frappé plus juste que sur Dominique Strauss-Kahn, dont elle disait fin 2010:
«2011 sera pour lui une année géniale: à 62 ans, c'est l'année de sa vie»
[Info dénichée par notre contributrice Anne-Claire Ruel]
9h35 Les réactions à la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse dans l'affaire Bettencourt continuent de se multiplier ce vendredi matin, et elles sont très virulentes à droite. Henri Guaino, son ancienne plume, a ainsi jugé sur Europe 1 que le juge Gentil avait «déshonoré la justice».
Jean-François Copé a affirmé sur France 2 être dans «l'incompréhension». Son ancien rival pour la présidence de l'UMP François Fillon a pointé auprès de l'AFP une décision «aussi injuste qu'extravagante».
L'avocat de l'ancien président de la République, Thierry Herzog, a lui expliqué sur RTL que son client estimait avoir reçu un traitement «scandaleux», et s'est interrogé sur l'existence d'une instruction vraiment «à charge et à décharge».
A signaler également, ce tweet tout en finesse de David-Xavier Weiss, le secrétaire national de l'UMP chargé des médias.
Pour les magistrats de gauche la parole d'un ancien président de la république vaut moins que celle d'un majordome. #SarkozyMisEnExamen
— David-Xavier Weiss (@dxweissUMP) 22 mars 2013
Le premier secrétaire du PS Harlem Désir a lui mis en garde sur Canal+ la droite contre toute «pression» dans ce dossier et a jugé «insupportable» de «mettre en cause la probité et l'indépendance des juges».