A Cannes, pour ceux qui n’y sont jamais allés, il y a dans le Palais des Festivals un lieu que l’on appelle le Marché du Film. C’est comme lorsque vous alliez aux journées portes ouvertes des écoles, au lycée, mais à la place d’avoir des stands avec des profs et des élèves, vous avez des gens qui vendent et achètent des films. Ces films-là n’ont rien à voir avec la sélection officielle. Au bout du tapis rouge, foulé par Marion Cottillard ou Robert Pattinson, il y a Amour ou De Rouille et d’Os. Sur la moquette sale du marché, il y a Die Putas Die (Meurs salope meurs), Bleed With Me (Saigne avec moi), Zombie Girl: le film, My Bloody Wedding, Porn Star Zombies...
«Des films qui ont coûté moins de 10.000 dollars» explique Buzz Remde, président de la société RSquaredFilms, dont les films sont parfois sélectionnés au Festival du film du Bain de Sang au Texas. «Parfois moins de 5.000 dollars». A un distributeur français, qui fera passer le film directement en DVD, Buzz espère vendre My Bloody Wedding environ 2.000 dollars. La distribution américaine a déjà couvert le financement du film, Buzz Remde en est aux bénéfices. Ces films-là aussi rapportent de l’argent.
«Ce film avec des strangulations à la corde à linge, c’est canon»
Jamais ils n’atteindront les grands écrans, mais ils ont leurs fans: qui ne rêve pas de voir Saigne avec moi, comme un écho série Z de Parle avec elle? Sur un stand un peu plus loin, David Suarez, responsable des acquisitions et de la distribution chez Ytinifni, se souvient d'un film qu'il avait vendu il y a quelques années quand il était chez Quantum: Run bitch Run. «Un vrai carton».
Sauf que les fans sont restreints aux vues de l'ampleur de la production, les films sont de plus en plus nombreux sur le marché donc de plus en plus durs à vendre. Ils empirent. «Depuis environ 7 ans», explique Buzz Remde, «depuis que les loueurs de DVD ferment». Parce que les spectateurs n’ont plus le loueur pour leur dire «ouais, ce film avec des strangulations à la corde à linge, c’est canon».
Du coup, ce qui prime n'est plus vraiment sur le fond (oui, vous riez). En tous cas les producteurs et distributeurs se focalisent énormément sur l’affiche et le trailer. En disant «Regardez cette affiche, elle n’est pas magnifique?», Buzz pointe du doigt cette affiche:
«Je n'ai décidé de vendre le film que grâce à l'affiche et au trailer. Et le distributeur fera pareil. Le spectateur n'aura personne pour le conseiller et il verra le film». Pas très bon, de l'aveu de Buzz. Qui s'exclame aussi devant cette affiche:
«Quand on peut mettre porn stars et zombies dans le titre, c'est mieux». David Suarez précise: «Tout ce qu'il faut c'est que le kit de vente soit réussi».
«De bonnes photos de plateau, même si le plateau était horrible, un bon trailer avec les scènes les plus ambitieuses dedans. Et l'affiche, dont on essaie le plus possible qu'elle ressemble à des affiches de films à succès, mais avec du sang en plus, des titres forts».
Mais si les films de série Z sont de pire en pire, et qu'un bon film de série Z est un film vraiment mauvais, les films de série Z s'améliorent donc?
C.P.