Si la littérature est la reine de Cannes cette année, cela signifie aussi que Cannes compte moins de scénarios originaux que d’habitude: De Rouille et d’Os (Audiard), Vous n’avez encore rien vu (Alain Resnais), Cosmopolis (David Cronenberg), Sur la Route (Walter Salles): ce ne sont que quelques exemples de films en compétition tirés de la littérature.
Ce besoin de s’appuyer sur des livres est assez en phase
avec la profusion de remakes dans le cinéma américain actuel, et le nombre
effrayant de suites —voire de suites de remakes. Les spectateurs peuvent s'attendre dans les mois à venir à des remakes par dizaines, comme ceux de My
Fair Lady et de The Bodyguard...
Cette recherche de sources extérieures est la même enfin, que l’on voit dans le «based on a true story»: ces cinq petits mots («inspiré d’une histoire vraie»), au début d’un film qui disent «tada ! Tu vas aimer, tu dois aimer, parce que ça c’est vraiment passé». A Cannes, Lawless de John Hillcoat (en lice pour la palme), The Sapphires de Wayne Blair (hors compétition) affichaient ainsi la couleur, comme un quelconque gage d’authenticité ou de qualité (on aurait dû se méfier).
Cette tendance ne semble pas devoir se tarir. On ne gage de rien pour le prochain Festival, mais pour les productions françaises, les scenarios non-originaux demeureront. Le Film Français rappelle ce dimanche que le producteur Alain Goldman a acquis il y a quelques mois les droits du roman de Morgan Sportès Tout, tout de suite (Fayard). Le scénario d’une suite de 99 Francs, 99 Roubles ( silence embarrassé) est en cours d’écriture.
C.P.