«La nuit de son échec [le premier tour, ndlr], Sarkozy a décidé de jouer sa réélection, le destin de son propre parti, l’UMP, et son futur personnel à la roulette russe. Durant la dernière semaine il s’est transformé en Sarkopen en copiant et collant de A à Z le programme du Front national.»
Ces lignes choc sont signées de Miguel Mora, le correspondant de El Pais à Paris, dans un éditorial publié samedi 28 avril. Ce dernier estime que «confiant dans son lepéniste de chambre Patrick Buisson, Sarkozy a récupéré des vieilles harangues du maréchal Pétain (il a parlé du "vrai travail" par opposition au "faux travail" des syndicalistes et a convoqué un provoquant rassemblement UMP le 1er mai» et, après avoir parlé «d’importer les réformes libérales de Gerhard Schröder», s’est converti «à un esprit de clocher tripal» en «sacrifiant sur l’autel électoral l’âme républicaine et laïque du gaullisme». Conclusion: si le président-candidat l’emporte, «cela sera un signal de ce que la société française (et, avec elle, européenne) est aussi apeurée qu’elle l’était avant l’occupation nazie».
Ce n’est pas la première fois que la presse étrangère assimile le candidat de l’UMP au Front national. Mi-mars, le Wall Street Journal lui avait consacré un éditorial sous le titre «Nicolas Le Pen», où il lui reprochait de faire du débat sur l’immigration «une diversion vis-à-vis de l’anxiété des Français envers leur Etat-providence de plus en plus branlant». Auparavant, le magazine américain Time lui avait reproché de «flatter l’extrême-droite» en déclarant que la viande halal constituait «le premier sujet de préoccupation des Français».