UN NICOLAS SARKOZY RÉELU POURRAIT-IL COHABITER AVEC UNE MAJORITÉ DE GAUCHE? Selon Le Monde, c’est l’avertissement qu’aurait lancé Alain Marleix, l’artisan du redécoupage électoral de 2010, lors d’une visite à l’Elysée le 30 mars. «On demande aux électeurs de voter quatre fois de suite pour le même camp. Mais les Français n’aiment pas mettre tous leurs œufs dans le même panier», confie-t-il, s’inquiétant notamment du handicap de la droite outre-mer (où cinq circonscriptions supplémentaires ont été créées) et des dissidences à droite dans plusieurs départements.
L’hypothèse d’une cohabitation a déjà été discutée à plusieurs reprises depuis un an. «A gauche comme à droite, peu de responsables tablent sur un résultat différent entre mai et juin», expliquait le Figaro début janvier. En décembre, Le Point estimait lui qu’on ne pouvait «exclure que le désir d'alternance se reporte sur les législatives et que la gauche soit majoritaire à l'Assemblée». Le visiteur du soir de l’Elysée Alain Minc a lui évoqué «une union nationale forcée entre deux légitimités nées de scrutins simultanés».
En octobre dernier, Le Monde avait publié une étude réalisée en partenariat avec l’Observatoire de la vie politique dont la conclusion était qu’une défaite de la gauche à la présidentielle «ne signifierait pas qu'elle serait automatiquement condamnée à rester minoritaire au Palais-Bourbon», grâce notamment à l’effet d’entraînement de ses positions acquises aux municipales, cantonales et régionales. Elle évaluait les positions de la gauche à 190 sièges sûrs, 65 largement gagnables et 63 «favorables». Conclusion:
«Dans tous les cas, les députés de la majorité sortante ont du souci à se faire.»
Jusqu’ici, des législatives ont eu lieu à quatre reprises juste après la présidentielle, deux fois après une dissolution (1981, 1988) et deux fois à échéance normale après le passage du septennat au quinquennat (2002, 2007) et l’inversion du calendrier électoral décidée en 2001. En 1981, 2002 et 2007, le parti vainqueur de la présidentielle avait remporté, sans même inclure ses alliés, une large victoire aux législatives: 58%, 63% et 55% des sièges respectivement. En revanche, en 1988, le PS de François Mitterrand avait échoué à une quinzaine de sièges de la majorité absolue, après pourtant une victoire plus large que sept ans plus tôt lors de la présidentielle.