Slate.fr a pris le relais de l'ONG Transparence International France en sollicitant les candidats à l'élection présidentielle pour qu’ils publient leur déclaration d’intérêts, un document qui permet de s’assurer que, dans le cadre d’une décision publique, des intérêts personnels n’interviennent pas pour fausser l’impartialité des décideurs. Si une telle situation se présente, elle est détectée grâce à la déclaration d’intérêts et la personne concernée doit s’abstenir de participer à la décision. La publication d’un tel document permet aussi de protéger les décideurs publics contre les soupçons d’un mélange des genres.
Nous avons réalisé une fiche pour chacun des candidats regroupant leurs opinions sur la question de la lutte contre les conflits d'intérêts, leur déclaration (quand elle a été envoyée) et ce qu'ils ont «oublié» de déclarer. Envoyez-nous toute information sur des intérêts que nous aurions omis dans cette fiche à infos @ slate.fr.
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Sa fiche Wikipol
Ce que Jacques Cheminade a dit sur les conflits d'intérêts
Jacques Cheminade dénonce le fait que «l’imbrication entre secteur public et secteur privé est dans notre pays, une source incessante de conflits d’intérêt. Les sociétés les plus importantes du CAC 40 sont, pour la plupart, l’émanation d’entreprises publiques, tout particulièrement dans le secteur bancaire». Il n’est donc pas étonnant que le créateur et leader du parti Solidarité & Progrès, défenseur de thèses conspirationnistes, aspire à une plus grande transparence de la vie politique. On ne sait jamais, peut-être qu’un contrôle accru de la vie publique et des interactions entre les sphères politiques et économiques permettrait de révéler que les chefs d’Etat français tirent leur richesse du trafic de drogue, accusation qu’il a récemment porté contre la Reine d’Angleterre.
Sa déclaration d'intérêts
Sa déclaration, disponible sur le site de Transparence international France, est quasiment vide, avec un laconique «retraité» dans la section sur l’activité professionnelle. Il ne précise pas de quelles activités professionnelles sa pension de retraite est issue.
Ce qu'il n'a pas déclaré
Jacques Cheminade a pour seule activité officielle son poste de président du parti qu’il a créé, Solidarité & Progrès. Son équipe de campagne précise qu’il était consultant à son compte dans les années 1990 et 2000, mais qu’il n’a jamais été imposable à ce titre car il ne s’agissait que d’études économiques ponctuelles.
Cependant, il ne cache pas ses liens avec le sulfureux Lyndon LaRouche, politicien américain connu pour ses thèses d’extrême droite. Jacques Cheminade a par exemple participé à des conférences organisées par l’Institut Schiller, organisation qui porte les idées de Lyndon LaRouche en Europe. La rubrique «ses amis dans le monde» du site de campagne de Jacques Cheminade renvoie vers des émanations dans différents pays du mouvement de LaRouche. Mais il ne déclare aucun revenu en issu de ses activités en commun avec des entités de la mouvance larouchiste.
Sans qu’aucun conflit d’intérêt notoire ne puisse être signalé, le peu d’informations dont on dispose sur Jacques Cheminade et ses militants conduit à s'interroger. Son parti avait d’ailleurs fait l’objet de plusieurs signalements de parents de militants, ces derniers expliquant que l’organisation encourageait la «rupture des jeunes avec leurs parents».
Par ailleurs, Jacques Cheminade n’a pas d’enfants et son frère est décédé depuis vingt-cinq ans, nous indique son équipe de campagne.
Emmanuel Daniel
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