«OBSCÈNE», «INDÉCENT», «INCOMPRÉHENSIBLE»... Le PS a tiré à boulets rouges, mardi 27 mars, sur la rémunération du président du directoire de Publicis, Maurice Lévy: la veille, le groupe publicitaire avait annoncé qu'il toucherait 16,2 millions d'euros de «méga-bonus» cette année, confirmant une information du site La Tribune.
Explication: depuis 2003, le dirigeant accumulait une «rémunération différée», une partie de son salaire variable, soit environ 150.000 euros par mois depuis neuf ans, étant stockée pour ne lui être versée qu'en 2012, à condition qu'il soit toujours à la tête de Publicis au 31 décembre 2011 et qu'il remplisse ses objectifs financiers, ce qui est chose faite.
Jérôme Cahuzac, responsable du pôle fiscal de François Hollande, a déploré que Maurice Lévy «ne s'applique pas ses règles à lui-même», faisant référence au code de bonne conduite sur le salaire des dirigeants de l'Association française des entreprises privées (Afep), dont le patron de Publicis est président. Un code qui impose dans son article 20 que la rémunération des patrons soit «mesurée, équilibrée et équitable» et qu'elle «tienne compte, dans la mesure du possible, des réactions de l'opinion en général».
Bruno Le Roux, porte-parole de François Hollande, a lui déclaré que cette annonce confirmait «la pertinence des propositions» du candidat, consistant à taxer à 75% les revenus excédant 1 million d'euros par an. Une proposition contestée par Maurice Lévy alors qu'il se prononçait en faveur d'une «contribution exceptionnelle des plus riches» en 2011.
Ce n'est pas la première fois que les salaires des grands patrons s'invitent dans la campagne, à l'image de l'affaire d'EADS en 2007. Noël Forgeard, coprésident exécutif du groupe aéronautique pendant un an, avait reçu une indemnité de départ de 8,4 millions d'euros alors que la prime annuelle des salariés d'Airbus avait été fixée à 2,88 euros en moyenne. Ce parachute doré avait provoqué un scandale. Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidentielle, avait estimé que l'homme devait «rendre ses indemnités» et s'était engagé, s'il était élu, à faire voter une loi interdisant ces «parachutes dorés».
À l'époque, le médiateur entre Noël Forgeard et les actionnaires privés d'EADS, dont l'intervention devait permettre à Forgeard «une sortie élégante», n'était autre que Maurice Lévy.