72% des Français estiment que leurs élus et dirigeants politiques sont «plutôt corrompus». C’est le résultat d’un sondage réalisé par TNS Sofres pour Canal+ en septembre 2011, un chiffre qui en dit long sur la crise de confiance des citoyens envers leurs responsables politiques.
Il faut dire que l’actualité politique récente, avec l’affaire Woerth-Bettencourt, le volet financier de celle de Karachi, la condamnation de l’Etat à 460 millions d’euros d’amende dans l’affaire des frégates de Taïwan ou l’affaire de corruption impliquant le socialiste Jean-Noël Guérini dans les Bouches-du-Rhône, conforte plutôt les électeurs dans leur méfiance envers leurs responsables politiques. Toutes ces affaires ont un point commun: le mélange des genres entre les pouvoirs économique et politique et la présence de conflits d’intérêts.
Déclaration d'intérêts
Un des moyens pour tenter de prévenir les situations de conflits d’intérêts est de faire remplir aux responsables publics une déclaration d’intérêts où figurent leur activité professionnelle, leurs sources de revenus, leurs intérêts dans des organismes publics ou privés ou encore les intérêts de leur premier cercle familial.
Ce document –qui doit être public– permet de s’assurer que, dans le cadre d’une décision publique, des intérêts personnels ne sont pas intervenus et n’ont pas faussé l’impartialité des décideurs. Si une telle situation se présente, la personne concernée doit s’abstenir de participer à la décision. Cette mesure permet aussi de protéger les décideurs publics contre les soupçons d’un mélange des genres.
En France, conséquence directe de l’affaire Woerth-Bettencourt, la commission Sauvé, du nom du vice-président du Conseil d’Etat, a remis en janvier 2011 un rapport sur la prévention des conflits d’intérêts dans la vie publique.
A la suite des recommandations de cette commission, le gouvernement a publié sur son site officiel l’ensemble des déclarations d’intérêt des 31 ministres et secrétaires d’Etat. Mais le résultat s’est avéré éloigné des espoirs suscités: la publication n’a apporté que peu d’informations nouvelles —la déclaration du ministre de l'Intérieur Claude Guéant tient en une ligne— et laisse subsister quelques manques.
Sept candidats se sont engagés
Dans ce contexte, l’ONG Transparence international France a lancé une campagne pour une nouvelle culture politique et a obtenu l’engagement de sept des 10 candidats à l’élection présidentielle (seuls Nathalie Arthaud, Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy ne l’ont pas fait) de rendre obligatoire la publication par tous les élus de déclarations d’intérêts précises. Parmi eux, nombreux sont ceux à avoir déjà critiqué par le passé la corruption, supposée ou avérée, dans la vie politique française.
Pour affirmer la réalité de cet engagement et montrer l’exemple, l’ONG a appelé les candidats à rendre publique leur déclaration d’intérêts. Pour le moment, six candidats ont rempli le document: Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade, Nicolas Dupont-Aignan, Eva Joly, François Bayrou et François Hollande.
Slate.fr, qui suit avec attention les questions de transparence et de lutte contre les conflits d’intérêts dans la vie publique, prend le relais de cette démarche en sollicitant les candidats pour qu’ils publient leur déclaration d’intérêts.
Nous avons ensuite réalisé une fiche pour chacun des candidats regroupant leurs opinions sur la question de la lutte contre les conflits d'intérêts, leur déclaration (quand elle a été envoyée) et ce qu'ils ont «oublié» de déclarer.
Cliquez sur le candidat de votre choix pour voir leur fiche individuelle: