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Tueries de Toulouse: les trois visages de la planète djihad, du Yémen à Toulouse

Temps de lecture : 3 min

Le 2 mai 2011, dans la ville indienne d'Ahmedabad, on célèbre la mort d'Oussama ben Laden. REUTERS
Le 2 mai 2011, dans la ville indienne d'Ahmedabad, on célèbre la mort d'Oussama ben Laden. REUTERS

Si une raison justifiait l'intervention militaire occidentale en Afghanistan depuis la fin de l'année 2001, c'était celle-là: mettre fin à l'existence d'une filière pakistano-afghane de formation au terrorisme de tous les apprentis djihadistes de la planète.

Et s'il existe une raison montrant que la guerre en Afghanistan n'a plus aucun sens, c'est qu'elle n'a pas permis de détruire la filière pakistano-afghane des camps d'entraînement et des madrassah.

Des officiers des services de renseignement pakistanais dirigeraient encore aujourd'hui sur leur sol des camps d'entraînement fréquentés par les talibans et des apprentis terroristes venus d'un peu partout dans le monde.

Les auteurs des attaques du 11 septembre 2001 à New York et Washington, des attentats à Madrid le 11 mars 2004 et à Londres le 7 juillet 2005 sont tous passés par la filière afghane. La cellule de Hambourg, qui comprenait trois des quatre pilotes du 11-Septembre (Mohammed Atta, Marwan al Shehhi, Ziad Jarrah) et le coordonnateur (Ramzi ben al Shaiba), se sont longuement entraînés ensemble en Afghanistan en 1999.

Le membre français d'al-Qaida le plus célèbre, Zacarias Moussaoui, enfermé aujourd'hui à vie dans une prison américaine de haute sécurité, qui aurait pu faire partie d'une deuxième vague d'attaques aériennes sur le sol américain en 2001, a fait plusieurs séjours au Pakistan et en Afghanistan.

Des séjours au Pakistan et Afghanistan

Né en 1968 à Saint-Jean-de-Luz dans une famille d’immigrés marocains, Zacarias Moussaoui a découvert l’islam et le fondamentalisme à Londres au milieu des années 1990 et soudain trouvé un but dans la vie, le djihad. Son parcours est étonnamment semblable à celui de Richard Reid, citoyen britannique, empêché in extremis par la vigilance d’une hôtesse de l’air de faire sauter le 22 décembre 2001 le vol Paris Miami d’American Airlines en faisant détoner ses chaussures remplies d’explosifs.

Si les enquêteurs de la DCRI ont réussi aussi rapidement à identifier Mohammed Merah et à en faire le principal suspect des assassinats de Toulouse et Montauban, ce serait notamment parce qu'il a fait des séjours au Pakistan et en Afghanistan en 2010 et 2011.

Les services de renseignement occidentaux consacrent des moyens considérables depuis une décennie à identifier ceux qui se rendent et se sont rendus dans les camps d'entraînement et dans les madrassahs au Pakistan et en Afghanistan. C'est le meilleur moyen de repérer les cellules dormantes et les groupes et les individus se préparant à passer à l'acte.

5.000 suspects hors d'état de nuire, mais toujours la menace

Bien sûr, al-Qaida est aujourd'hui une organisation fantôme après les pertes subies depuis 2001 et la disparition de son fondateur et inspirateur, Oussama ben Laden. Al-Qaida n'est plus qu'un symbole affiché par les partisans de la guerre sainte «contre les juifs et les croisés». Bruce Hoffman, spécialiste du terrorisme de la Rand Corp., un organisme de recherche proche de la CIA, estime que 5.000 suspects liés plus ou moins étroitement à al-Qaida ont été mis hors d’état de nuire depuis septembre 2001… sans pour autant faire cesser la menace djihadiste un peu partout dans le monde.

Elle se présente aujourd'hui sous trois formes distinctes.

Celle classique des réseaux terroristes opérant au Pakistan et en Afghanistan. Les talibans pakistanais qui sont à l'origine de l'attentat raté de Times Square à New York en mai 2010. Et évidemment les talibans afghans soutenus par les services de renseignement pakistanais.

Le deuxième visage du djihad se trouve dans les différentes organisations opérant en Afrique du nord, au Yémen, en Somalie, en Indonésie et à Gaza. Même al-Qaida en Irak beaucoup diminué reste dangereux. Ainsi, Aqmi qui a enlevé des Français admire Ben Laden, revendique son allégeance à al-Qaida, mais est opérationnellement totalement indépendant.

Enfin, la dernière facette du djihad, ce sont les terroristes isolés, ayant parfois effectué des séjours au Pakistan ou tout simplement petits délinquants auto-formés et auto-mobilisés sans vrais liens avec des organisations structurées.

Les manuels de terrorisme qui abondent sur Internet, dont certains diffusés par al-Qaida, visent à les mobiliser et à les amener à agir.

Bruce Riedel, ancien agent de la CIA, expert reconnu en matière de terrorisme à la Brookings Institution, explique que le djihad est sans doute le premier mouvement terroriste de l'histoire réellement mondial. Il est présent du Sahel au Pakistan en passant par le Yémen… et même apparemment par Toulouse.

Eric Leser

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