France

Tuerie de Toulouse: que s'est-il passé? [Le point à minuit]

Temps de lecture : 5 min

Une marche silencieuse à Paris après la tuerie de Toulouse, lundi 19 mars 2012. REUTERS/Charles Platiau.
Une marche silencieuse à Paris après la tuerie de Toulouse, lundi 19 mars 2012. REUTERS/Charles Platiau.

LUNDI 19 MARS, UN HOMME A OUVERT LE FEU devant un établissement d'enseignement israélite de Toulouse, tuant quatre personnes dont trois enfants. Résumé des faits.

  • Les quatre victimes sont un père, professeur d'éducation religieuse au collège, ses deux fils de 3 et 6 ans et la fille du directeur de l'établissement, âgée de 8 ans. Un jeune homme de 17 ans a été sérieusement atteint mais devrait s'en tirer.

  • Selon les autorités, l'une des armes utilisées, un 11.43, est la même que celle qui a servi lors des meurtres de trois parachutistes la semaine dernière dans la région. Le scooter, volé le 6 mars, est également identique.

  • L'enquête a été confiée au parquet antiterroriste de Paris. Plusieurs pistes sont à l'étude: ultra-droite, islamistes, tueur déséquilibré... Le plan Vigipirate au niveau écarlate a été mis en place en Midi-Pyrénées.

  • Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou se sont rendus sur place. Les deux premiers nommés ont suspendu leur campagne présidentielle.

  • Un hommage a été rendu aux victimes en présence de la classe politique dans une synagogue parisienne lundi soir. Une minute de silence est prévue dans les établissements scolaires mardi matin.

  • Le plan Vigipirate écarlate est mis en place dans la région Midi-Pyrénées

  • De nombreux pays, au premier rang desquels Israël et les Etats-Unis, ont condamné la tuerie.

Les victimes

Quatre personnes, disposant toutes de la double nationalité franco-israéliennes, ont été tuées: un professeur de 30 ans, avec ses enfants de 3 ans et 6 ans, ainsi que la fille du directeur de l’établissement, âgée de 8 ans. Un adolescent de 17 ans a également été gravement blessé, mais il devrait s'en tirer, selon les dirigeants de la communauté juive locale cités par l'AFP.

Les lieux

Les meurtres ont été commis devant le collège-lycée Ozar Hatorah («trésor de la Torah» en hébreu), un établissement d’enseignement privé juif situé dans le quartier de la Roseraie, au nord de Toulouse. D’après le quotidien régional la Dépêche du Midi, les victimes attendaient à «un point de ramassage scolaire informel desservant l'école juive Gan Rachi», située à proximité. Les écoles juives sont censées bénéficier d’une protection renforcée depuis le milieu des années 2000.

Le tueur

L’homme, qui portait un casque de moto, aurait d’abord ouvert le feu sur un groupe de personnes présentes devant l’école. Il serait ensuite entré dans le collège pour tirer encore à plusieurs reprises, avant de prendre la fuite en scooter. Le tueur «a tiré sur tout ce qu'il y avait en face de lui, enfants et adultes, et des enfants ont été poursuivis à l'intérieur de l'école», a déclaré le procureur de la République de Toulouse, cité par le Monde. Nicole Yardeni, qui préside le Crif en Midi-Pyrénées, a raconté ainsi le drame à RTL:

«On voit un homme qui court après des enfants, qui en attrape et qui met une balle dans la tête à un enfant de huit ans.»

Les armes

«Nous savons que c'est la même personne, la même arme qui a tué des militaires, des enfants et un enseignant», a déclaré Nicolas Sarkozy lors d'une allocution prononcée depuis l'Elysée dans la soirée. Une source proche de l'enquête avait plus tôt confirmé à l'AFP l'information d'Europe 1 selon laquelle une des armes utilisées, un calibre 11.43, a servi lors des meurtres de militaires à Toulouse et Montauban: un sous-officier du 1er RTP de Francazal avait été tué le 11 mars à Toulouse et deux autres du 17e RGP le 15 mars à Montauban, lors d’une attaque qui a plongé un troisième militaire, touché à la moelle épinière, dans le coma.

Le tueur a utilisé deux armes: d'abord un calibre 9mm à l’extérieur du collège puis, cette première arme s’étant enrayée, son calibre 11,43.

Le scooter

Comme lors de l'attaque de Montauban, le tueur a pris la fuite sur un scooter. Selon une source proche de l'enquête citée par l'AFP, le même scooter, un 500 cm3 de type T-MAX de marque Yamaha, dérobé le 6 mars dans la région de Toulouse, a servi pour les trois meurtres. Le propriétaire du scooter a été entendu par les enquêteurs et a pu certifier que le véhicule lui avait été dérobé.

La procédure

Le parquet antiterroriste de Paris a annoncé l’ouverture de trois enquêtes distinctes pour assassinats «en lien avec une entreprise terroriste», a déclaré le procureur de Paris François Molins. Ce qui, selon une source judiciaire citée par l'AFP, ne signifie pas que l'hypothèse terroriste est privilégiée mais s'explique par le «climat d'intimidation et de terreur» créé par les événements.

Pour l’instant, plusieurs pistes peuvent être envisagées pour expliquer ces meurtres, une étant, selon le site de l'hebdomadaire Le Point, celle d'anciens militaires liés à des mouvements néonazis. Parmi les autres hypothèses citées, celles du terrorisme intérieur ou extérieur, d'un déséquilibré ou d'un «loup solitaire» type Anders Beiring Breivik. Une source proche de l'enquête a annoncé à l'AFP que les deux pistes privilégiées pour l'instant étaient la piste islamiste et celle de l'ultra-droite.

Par ailleurs, le président de la République a annoncé la mise en place pour la première fois, dans la région Midi-Pyrénées, du niveau écarlate du plan Vigipirate, qui correspond à une menace «certaine» et constitue le dernier niveau avant l'application de l'article 16 de la Constitution. Lors d'une tournée d'inspection, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant s'est dit «inquiet sur l'éventualité qu'il [le meurtrier, NDLR] ait envie de commettre un quatrième attentat», après avoir déjà évoqué sur France 2 son «sentiment d'impunité » et avoir estimé «qu'il n'y a pas de piste qui soit claire».

Les hommages

Un millier de fidèles, dont Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy, François Hollande, sa compagne Valérie Trierweiler, le Premier ministre François Fillon ou encore son prédécesseur Lionel Jospin, se sont réunis à la synagogue Nazareth (Paris-IIIe) dans la soirée. Ce rassemblement a été suivi d'un défilé jusqu'à la place de la Bastille. Selon l'AFP, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon ont essuyé des huées près de la synagogue et le long du cortège.

Nicolas Sarkozy avait annoncé un peu plus tôt qu'il recevrait mardi les représentants des communautés juive et musulmane afin de témoigner que «c'est toute la République qui est à leurs côtés». Il se rendra également au collège François-Couperin (Paris-IVe) à l'occasion de la minute de silence qui sera observée dans toutes les écoles de France.

La campagne électorale

Alors que plusieurs faits divers ont déjà marqué l'histoire des campagnes présidentielles, les candidats ont veillé à ne pas prêter le flanc aux accusations d'instrumentalisation. Nicolas Sarkozy a annoncé lundi soir qu'il suspendait sa campagne au moins jusqu'à mercredi, date prévue pour l'inhumation des parachutistes tués. Alors que le PS avait, par la voix de son porte-parole Benoît Hamon, annoncé dès lundi matin que la campagne de François Hollande était suspendue, ce dernier a annulé son meeting prévu à Rennes mardi soir.

François Bayrou, qui, comme Nicolas Sarkozy et François Hollande, s'est rendu à Toulouse, a lui maintenu une réunion publique à Grenoble, qualifiée de «réunion de réflexion nationale»: «Je crois que ce type de folie s'enracine dans l'état d'une société et dans la société française, ce type d'atteintes, d'actes se multiplient», a-t-il lancé en appelant les politiques au «devoir de veiller à ce que les tensions, les passion, les haines ne soient pas à chaque instant entretenues». Selon l'AFP, il a ensuite confessé devant la presse avoir songé au discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy.

Les réactions internationales

De nombreux pays ont réagi à la tuerie, au premier rang desquels, évidemment, Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a condamné «le meurtre odieux de juifs, dont de petits enfants» et n'a pas écarté «la possibilité qu'il a été motivé par un antisémitisme violent et sanglant». L'Autorité palestinienne, par la voix de son négociateur Saëb Erakat, a fait part de son indignation face à cet «attentat» tandis que la Maison Blanche s'est indignée d'une «horrible attaque», d'un «acte de violence gratuit et révoltant».

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