«Une campagne électorale, c'est l'affaire des Français.»
Les propos tenus par Nicolas Sarkozy la semaine dernière sur Europe 1 au sujet du soutien de son homologue allemande pendant la présidentielle ne sont pas du goût de cette dernière, d'après les informations obtenues par le grand hebdomadaire allemand Spiegel.
Angela Merkel est fâchée d'être reléguée au second plan l'air de rien, au détour d'une interview, après avoir apporté publiquement son soutien à Nicolas Sarkozy début février puis refusé, par excès de loyauté, de recevoir François Hollande, et ce malgré les réticences dans son propre camp et les nombreuses critiques que cette attitude lui a valu dans la presse allemande. Elle voulait ainsi lui renvoyer la balle, Nicolas Sarkozy s'étant lui-même rendu à Berlin en mai 2009 pour lui apporter son soutien lors des élections fédérales, rappelle le Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Quand elle a appris la nouvelle, Angela Merkel a pesté contre la versatilité de son homologue français en présence de ses proches collaborateurs. Voyant que son alliance avec la chancelière allemande ne faisait pas remonter comme escompté les intentions de vote en sa faveur, Nicolas Sarkozy a changé de stratégie fin février, explique le Spiegel.
En marge du sommet européen à Bruxelles, les deux chefs d'État se sont entretenus à ce sujet. Le président français a consenti à organiser au moins un meeting commun pendant la campagne, mais la chancelière a finalement décommandé par interview radio interposée.
Mais Angela Merkel ne serait en fait pas si malheureuse que ça de ne plus avoir à se rendre en France avant l'élection, car elle veut éviter d'être associée aux récentes remarques populistes de Sarkozy, estime le Spiegel, qui fait référence aux déclarations du président français sur l'afflux d'étrangers et à sa menace de se retirer de l'espace Schengen.
Pendant ce temps-là, les sociaux-démocrates allemands s'impliquent eux aussi dans la campagne française. François Hollande a trouvé un allié côté allemand, en la personne de Sigmar Gabriel, président du SPD, rappelle le Süddeutsche Zeitung. En visite à Paris le 17 mars au Cirque d'Hiver, il a clairement affiché son soutien auprès du candidat socialiste: «L'élection de François Hollande sera un signe d'espoir en Europe», a-t-il déclaré.