Changement climatique: une préoccupation mondiale
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Changement climatique: une préoccupation mondiale

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Slate.fr

L’enquête menée pour EDF par Ipsos révèle que le changement climatique inquiète le monde entier, à des degrés divers. Mais l’information et les solutions à mettre en œuvre exigent encore bien des efforts.

La récente étude d'opinion concernant le changement climatique menée pour EDF par Ipsos dans 30 pays se révèle riche d’enseignements. Consultable en libre accès sur www.edf.fr/observatoire, elle dresse un état des lieux mondial des opinions, connaissances, attentes et niveaux d’engagement des populations face au changement climatique. Elle permet aussi de mesurer les écarts qui subsistent entre les inquiétudes face au problème et la traduction en actes quotidiens pour y remédier.

Un enjeu planétaire

Le changement climatique est perçu comme un défi majeur, même s’il n’arrive qu’en troisième position des problèmes environnementaux les plus préoccupants pour les sondés avec 40% des réponses. A la première place: la question des déchets (52%), suivie de la pollution de l’air (45%).

- Le changement climatique inquiète de plus en plus

74% de la population mondiale se dit plus inquiète qu’il y a cinq ans concernant le changement climatique. 37 % se disent «un peu plus inquiets» qu’il y a cinq ans et 37 % «beaucoup plus inquiets».

Les populations dont l’inquiétude a le plus progressé ces dernières années sont celles d’Amérique du Sud: la Colombie (69 % de beaucoup plus inquiets), le Chili (65 %), le Brésil (52 %), mais aussi le Mexique (60 %) et l’Afrique du Sud (54 %).

- Des inquiétudes qui se traduisent différemment

En premier lieu, la représentation du risque climatique s’incarne dans les catastrophes climatiques extrêmes (tempêtes, canicules, cyclones, incendies…), qui sont le risque le plus cité (63%) dans 27 pays sur 30. Cette crainte atteint 90% au Japon et 76% en Indonésie.

En deuxième position des risques cités: la désertification avec 46% des suffrages (au Chili, il est cité à 74% et en Turquie à 61%). Viennent ensuite la pollution de l’air et des sols (44%), la montée des eaux et la submersion des zones côtières (34%), les problèmes d’accès à l’eau potable (29%), le recul de la biodiversité (25%), l’appauvrissement des sources de nourriture (23%), le développement des maladies infectieuses (20%) et les migrations et déplacements de population (16%).

Il est important de souligner que ces résultats sont souvent corrélés aux effets ressentis du changement climatique dans la région des personnes interrogées. 78% des sondés déclarent avoir déjà constaté les effets du changement climatique. Un pourcentage qui dépasse les 90% dans des pays comme le Mexique, la Colombie, le Chili, le Maroc et l’Inde. A contrario, aux Etats-Unis, au Canada, dans la plupart des pays européens, en Australie et au Japon, le pourcentage est inférieur à 75%.

- Des doutes et des incompréhensions demeurent

Une infime minorité nie encore l’existence du changement climatique: 8 % des sondés doutent ou nient la réalité d’un changement climatique, mais ce chiffre atteint 19% aux Etats-Unis. Cependant ils sont plus nombreux à douter de l’influence humaine sur le changement climatique: 23% des sondés admettent qu’il y a bien un changement climatique mais affirment qu’il n’est pas d’origine humaine, soit parce qu’ils pensent que c’est un phénomène naturel, soit parce qu’on ne peut pas savoir. Cette proportion atteint 46% en Arabie Saoudite.

En additionnant ceux pour qui le changement climatique n’a pas de réalité et ceux pour qui l’activité humaine n’en est pas à l’origine, on obtient 31% de climato-sceptiques. Un chiffre qui culmine à 59% en Arabie Saoudite, 49% en Norvège, 45% en Australie ainsi qu’aux Etats-Unis, 40% en Chine, 39% au Japon et 37% en Allemagne.

Autre constat: certains imputent, à tort ou à raison, le changement climatique à d’autres phénomènes. Les émissions de gaz à effet de serre sont citées, à raison, comme une des principales causes du changement climatique par 61 % des sondés. Viennent ensuite la pollution de l’air (45%) et la déforestation (40%). Mais une partie des sondés accuse à tort la chaleur produite par les activités humaines (42%), le trou dans la couche d’ozone (31%) et le réchauffement naturel de la planète (30%) comme responsables du changement climatique.

Les solutions pour agir

- Les gouvernements sommés de s’engager

Pour 70% des sondés, les gouvernements sont les premiers acteurs à devoir agir, loin devant les citoyens consommateurs (45%) et les entreprises (32%).

Une exigence d’autant plus forte que les gouvernements sont globalement jugés peu efficaces. Seulement 48% des répondants considèrent qu’ils agissent réellement. A l’inverse, les scientifiques sont perçus comme agissant réellement à 71%, suivis des ONG (60%) et des citoyens (55%).

- Les actions à mener

Si 29% pensent que la solution viendra du progrès technique et des innovations et que 10% pensent qu’on ne peut pas le limiter, la majorité des sondés (53%) pensent que la lutte contre le changement climatique passe d’abord par un changement de mode vie. Ils sont d’ailleurs 55% à déclarer avoir changé leur mode de vie et de consommation.

Les actions les plus répandues sont le tri des déchets (48%) - particulièrement en Europe où les dispositifs de collecte sélective sont développés -, la consommation des fruits et légumes de saison (40%), la limitation du chauffage et de la climatisation (33%), le choix de produits avec moins d’emballage (27%). La limitation des déplacements arrive ensuite : 22% limitent systématiquement les déplacements en avion, 18% ceux en voiture. 20% évitent d’acheter des produits fabriqués dans des pays lointains, 19% déclarent diminuer leur consommation de viande et 16% recourir à des énergies renouvelables.

Parmi les autres moyens d’action pour lutter contre le changement climatique, 30% des sondés déclarent avoir boycotté un produit ou une marque en raison de son impact sur le changement climatique, 30% avoir signé une pétition, 25% avoir voté pour un parti politique particulièrement engagé contre le changement climatique et 14% avoir manifesté. Cette dernière forme d’action atteint 21% chez les 16-24 ans. La proportion culmine à 30% en Amérique latine et chute à 8% en Amérique du Nord.

- Le paradoxe des jeunes: concernés mais peu acteurs

Les 16-24 ans sont non seulement plus nombreux à manifester, mais ils se sentent aussi souvent plus inquiets que leurs aînés à propos du changement climatique. En Europe, ils sont 43% à être beaucoup plus inquiets qu’il y a cinq ans face à 30% des 55 ans et plus. En Amérique du Nord, les chiffres sont de 44% contre 27%.

Pourtant - et c’est l’un des enseignements les plus surprenants de cette étude - les jeunes agissent moins: ils ne sont que 36% à trier leurs déchets, contre 48% pour l’ensemble de la population et 63% des plus de 55 ans. La preuve que l’enseignement et la transmission des bons gestes sont des priorités pour demain.

Crédit photo: https://pixabay.com/fr/photos/station-spatiale-internationale-vue-1176518/

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