Tech & internet / Économie

La Silicon Valley vit dans une bulle d'arrogance

Temps de lecture : 2 min

Matt Mullenweg, cocréateur de Wordpress, à l'université de Stanford en 2011 - Robert Scoble via Flickr CC License by

Les start-ups de la Silicon Valley sont un ramassis d’individus arrogants et orgueilleux, «qui semblent interpréter leur succès financiers personnels comme la preuve de leur supériorité permanente sur le reste du monde». C’est ce qu’estime le Business Insider dans un article du 15 décembre 2013, qui liste divers faits récents survenus dans le monde des techno-entrepreneurs californiens, comme autant de «preuves que la Silicon Valley vit dans la bulle de sa propre arrogance».

Et il y a un peu de tout parmi ces «preuves»: une directrice de master à l’université de San Francisco qui parle de «nouveau prolétariat» pour désigner les employés des start-ups, dans une ville où «le loyer moyen d’un T3 est de 3.250 dollars par mois»; la PDG de Yahoo Marissa Mayer qui fait éditer un recueil de louanges à sa gloire, «comme si elle était Mao le Grand Timonier»; les fondateurs du réseau social Bebo qui ont ouvert un club «pour refléter l’esprit méritocratique de la Silicon Valley», mais requérant une cotisation annuelle de 2.400 dollars; ou encore les propos de certains entrepreneurs, tel Greg Gopman, PDG du fonds d’investissement AngelHack, qui disait début décembre sur Facebook ne pas comprendre «pourquoi le cœur de notre cité [] est envahi par des malades mentaux, des sans-abri, des dealers, des marginaux et des déchets» :

«La différence est que dans les autres grandes villes, la partie basse de la société reste dans son coin. Ils vendent des babioles, mendient discrètement, restent silencieux, et se mettent généralement hors de votre chemin. Ils réalisent que c’est un privilège de se trouver dans la partie civilisée de la ville, et se considèrent comme des invités. Et c’est très bien.»

Gopman s’est depuis excusé, mais Business Insider ne manque pas de rappeler que ses messages litigieux «étaient précédés d’un tweet annonçant qu’il était en vacances à Bali».

Les déclarations présomptueuses de la part de techno-entrepreneurs, ou plus généralement les accusations d’«arrogance» à l’encontre de la Silicon Valley, sont loin d’être nouvelles. Une partie des citations de Business Insider provient d’un article publié dans le Wall Street Journal le 3 novembre dernier, où Farhad Manjoo relayait les rêves d’utopies libertariennes des fondateurs de start-ups se sentant oppressés par le joug de l’Etat américain (nous avons déjà eu l’occasion d’évoquer ces projets sur Slate.fr):

«C’est là le complexe de supériorité de la Silicon Valley, et ce n’est franchement pas beau à voir. Alors que l’industrie des nouvelles technologies a fait fuir les mémoires du dernier krach de la bulle Internet, ses sommités ont gagné confiance en leur capacité à changer l’avenir. Et maintenant, ils semblent avoir perdu toute humilité quant à leur place dans le monde.»

Un peu plus tôt en octobre, le New York Times citait une chercheuse à Stanford qui pointait également du doigt l’«arrogance élitiste» de la Silicon Valley, mais cette fois-ci dans le contexte du sexisme. Et encore plus tôt, en juin dernier, l’Uptown Almanac relayait le compte parodique d’un employé gâté de Twitter, «la start-up la plus exonérée d'impôts de tout San Francisco», où il se plaint, entre autres, de la taille des homards servis à la cantine:

Pour le cofondateur de Netscape Jamie Zawinski, qui évoquait l’affaire sur son blog, «les trous du cul d’informaticiens qui se comportent comme des trous du cul, c’est un marronnier par excellence».

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