Pardon d’avance à tous les fans de Friends, à tous ceux qui ont vu les 236 épisodes plusieurs fois... Ce qui va suivre pourrait ne pas leur plaire: le magazine Vice a listé les impacts négatifs de la série américaine dans un article au titre évocateur, «Comment Friends a créé une génération d’idiots névrosés et égocentriques».
Il y a un peu moins de vingt ans était diffusé le premier épisode de la série (celui où Rachel entre en robe de mariée dans Central Perk a été diffusé le 14 septembre 1994 aux Etats-Unis, et deux ans plus tard sur une chaîne française).
Si vingt ans plus tard, Friends reste une référence (pour ceux qui ont 25 ans et plus), élue meilleure série de tous les temps par Première et meilleure série sur les jeunes adultes par The Guardian, pour Vice, il ne faut pas croire que Friends était le reflet de toute une génération.
Premièrement, les personnages sont décalés par rapport à leur génération. Friends est censé raconter l’histoire de jeunes cools de Manhattan mais la culture des années 90-début 2000 dans laquelle les personnages ont évolué est absente de la série. Ils ne parlent pas de politique, de musique, ni de films (sauf de Die Hard que Ross, Joey et Chandler ont vu 15 fois), estime les journalistes de Vice:
«Je n'ai jamais rencontré quelqu'un de mon âge qui s'implique si peu dans le monde qui l'entoure (...) Ils ne vont jamais en boîte, ils ne parlent jamais des films deTarantino, ni de rap, ni de Björk. Même nos parents le faisaient. Pourquoi? Est-ce le résultat d'une mauvaise écriture ou d'une sorte d'effort conscient pour rendre les personnages aussi grand public que possible?»
Autre remarque, les appartements. A part Ross et Chandler, comment Joey (acteur sans cachets), Monica (chef à mi-temps), Rachel (qui commence en bas de l’échelle dans la mode) et Phoebe (masseuse à mi-temps) peuvent-ils s’offrir un appartement à Manhattan (que nous estimions pour le seul appartement de Rachel et Monica à 5.500 dollars)?
Enfin, conclut Vice, Friends n'illustre pas de la meilleure manière la vie sexuelle de ses personnages. Ross et Chandler sont frustrés, et Joey ne pense qu’à mettre les femmes dans son lit avec son «How you doin?» D’ailleurs le personnage aurait inspiré toute une génération de dragueurs lourdingues dont les actes sont à la limite du harcèlement. Le couple Ross et Rachel a réussi à troubler les définitions de célibataire, en couple, marié ou divorcé, (sauf si on est français signale Vice), avec leur célèbre «We were on a break!», sorte de préfiguration du «It's complicated» des statuts Facebook.
Vice conclut que «Friends, dans son désir innocent de faire grimper les chiffres d'audience, nous a donné une idée réductrice de l'identité sexuelle qui nous est restée collée jusqu'à présent. (...) La saga Ross et Rachel a légitimé quelque chose qui aurait dû être reconnu comme idiot depuis le début, faisait naître une génération d'enfants discutant de relations pseudo-psychologiques depuis plus d'une décennie.»