L'analyse du «malaise» français est devenu un genre en soi dans la presse anglo-saxonne. Cette semaine, c'est The Economist qui s'y colle, sous le titre «Bleak chic» (quelque chose comme «chic maussade»), avec un point de vue intéressant: si la France est déprimée, c'est à cause de sa littérature.
Tout y passe: le doute méthodique chez Descartes, les moqueries de Voltaire contre l'optimisme, Chateaubriand et le «mal du siècle», la mélancolie comme «bonheur d'être triste» selon Hugo, l'«ennui» chez Camus ou Sartre, l'absurde de Ionesco et Beckett, l'incipit de Bonjour tristesse de Sagan («Sur ce sentiment inconnu dont l'ennui, la douceur m'obsèdent, j'hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse»), et jusqu'au misérabilisme houellebecquien.
Faut-il forcément s'en attrister? Pas sûr, selon l'hebdomadaire britannique:
«Il est difficile de contester que cette négativité a stimulé la créativité française. La France aurait-elle offert l'existentialisme au monde si Sartre avait été un joyeux drille?»
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