Tout a été écrit ou presque sur l’entraînement militaire et la discipline de fer des soldats SS d’Adolf Hitler, mais un ouvrage récemment découvert dans les archives fédérales allemandes vient mettre en lumière la préparation d’une autre catégorie de personnes sur lesquelles le régime nazi comptait beaucoup: les femmes au foyer.
Le livre en question n’est rien d’autre que le manuel de la Reichsbräuteschule, l’«école de la mariée du Reich», dont l’objectif était de «transformer des filles de bureau en femmes au foyer». Il donne un aperçu de l’idée très particulière que se faisaient les nazis du rôle de la femme dans la société, comme le rapporte le New Yorker.
«Emparez-vous de la poêle, de la balayette et du balai, et mariez-vous à un homme», écrivait ainsi Herman Goering, haut responsable nazi, dans ses Neuf commandements pour la lutte des travailleurs publiés et distribués dans tout le pays en 1934. Mais la meilleure indication sur la vision de la femme du régime tient sans doute dans cette phrase prononcée par le Führer lui-même lors d’un discours à la Ligue des femmes national-socialistes:
«Le monde de la femme est un monde petit. Mais que deviendrait le grand monde s’il n’y avait personne pour s’occuper du petit monde? Comment le grand monde pourrait-il survivre s’il n’y avait personne pour faire des attentions du petit monde le contenu de leurs vies.»
Dans un décret de 1936, Heinrich Himmler, le redoutable chef des SS, demandait aux femmes fiancées avec un SS de suivre les cours de l'école de la parfaite femme au foyer nazie. Installée dans une villa construite en 1937 sur une île du lac Wannsee à Berlin, cellle-ci apprenait aux jeunes femmes, souvent encore adolescentes, à «ressentir la joie de leur nouvelle vie de femmes» et couvrait des sujets comme le shopping, la cuisine, la décoration d’intérieur et le jardinage. Mais surtout, elle inculquait à ces «partisanes de la race» (parmi lesquelles les juives, tziganes et autres handicapées n’étaient évidemment pas les bienvenues) la propagande nazie pour en faire des productrices de bébés supérieurs.
Malgré tout, le New Yorker souligne que les femmes étaient plus représentées au Reichstag dans l’Allemagne de Weimar que chez ses voisins de l’époque (elles n’avaient même pas le droit de vote en France et en Suisse par exemple), alors que l’Allemagne d’aujourd’hui est souvent pointée du doigt pour son machisme et la faible représentation des femmes aux postes à responsabilité, malgré le contre-exemple frappant d’Angela Merkel.