Laissez-nous rentrer! Jeudi 11 juillet, nous rapportions «l'histoire triste du jour» narrée par des médias canadiens: celle de John Saint-Onge, grand fan de Lego de 63 ans, refoulé du Legoland Discovery Center de Toronto parce que non accompagné d'un enfant, et qui s'était senti discriminé par ce refus.
Sur le site de voyage Trip Advisor, on pouvait déjà trouver en août 2012 un commentaire de voyageur se plaignant d'un autre Center, celui de Chicago, où il n'avait pas pu rentrer car il n'était pas accompagné d'un enfant. Il ne s'agit donc pas de la première histoire du genre pour Legoland, mais bien d'une politique délibérée de l'entreprise, qui interdit en temps normal l'entrée de certains de ses parcs aux adultes n'accompagnant pas un ou des enfants. Elle a en revanche —ce qu'a immédiatement souligné la direction du parc de Toronto après la révélation de «l'affaire» John Saint-Onge— mis en place des nuits ouvertes uniquement aux adultes, une fois par mois par exemple, à la suite de plaintes à ce sujet.
Cette politique d'entrée restreinte pour les adultes seuls ne touche pas tous les Legoland, car il en existe deux types: les grands parcs d'attraction avec plusieurs espaces adaptés aux plus grands, simplement appelés Legoland et où il est parfaitement possible pour un adulte de se rendre seul; les Legoland Discovery Center, plus petits et plus nombreux, notamment en Europe, mais tous interdits en temps normal aux adultes sans enfant.
Distinction entre deux Legoland
Comme l'expliquait une responsable du parc de Manchester sur un forum, la vraie différence entre les deux types de parcs est que les Discovery Center sont des petits lieux davantage adaptés aux enfants, quand les adultes ont eux ont les grands Legoland pour s'amuser avec des attractions adaptées.
Contactée par Slate.fr, Julie Møller Sloth, de Legoland Danemark, nous a confirmé cette distinction:
«L'explication de cette restriction sur les Legoland Discovery Centers est leur capacité très réduite. […] Dans les parcs Legoland, il n'y a pas de limitations sur l'âge ou les gens qui vous accompagnent. Nous avons tant d'espace que chacun est le bienvenu en même temps, et nous avons d'ailleurs plusieurs groupes d'adultes fans de Lego qui viennent en visite durant la saison.»
En mai 2012, une des employées du Legoland Discovery Center du Kansas, Elizabeth Mathews, faisait elle état de «plaintes dans le passé à propos d'adultes poussant de jeunes enfants du chemin quand ils essayaient de construire dans les zones de jeu». Une justification semblable à celle donnée au Huffington Post Canada, après la révélation de l'histoire de John Saint-Onge, par René Gurtner, manager du Legoland Discovery Center de Toronto:
«Le premier objectif du Legoland Discovery Center est d'offrir une attraction amusante et sécurisée aux familles avec enfants âgés de 3 à 12 ans, afin qu'elles s'amusent ensemble. Afin de maintenir en permanence un environnement accueillant et sûr où jouer, le Centre n'autorise pas l'entrée aux groupes d'adultes, couples ou adultes seuls, non accompagnés par un ou plusieurs enfants âgés de moins de 18 ans.»
De plus en plus d'adultes seuls à Disneyland
Les grands parcs qui refusent les adultes seuls ne sont pas légion, d'autant qu'ils sont nombreux à proposer des attractions à sensations fortes qui repoussent les records de vitesse. En France, ce genre d'histoires ou de règles est généralement propre aux petits parcs pour jeunes enfants —il est assez facile d'en trouver des exemples ici, là ou encore là.
En revanche, aucun grand parc d'attraction hexagonal ne semble appliquer de telles règles. Bien au contraire, les parcs comme Disneyland Paris, par exemple, ont tout intérêt à laisser venir les adultes seuls, comme l'expliquait Le Monde en mars 2012:
«Les visiteurs adultes venus sans enfants (voire sans leurs enfants) constituent désormais un visiteur sur trois (33,6%) et leur proportion ne cesse d'augmenter. Quatre points de plus en six ans. [...] Selon les statistiques, 19% des visiteurs adultes sont déjà venus chez Disney en famille mais également à une ou plusieurs autres reprises, sans leurs enfants.»
En revanche, le parc ne cherche pas à cibler ou communiquer en particulier auprès de ce public spécifique. Interrogé à ce sujet, le service de communication institutionnelle tient à rappeler que Disneyland Paris «est vraiment une destination familiale».
La communication du Parc Astérix, de son côté, n'a pas été en mesure de nous donner des chiffres précis mais nous a expliqué que «les adultes sont surtout attirés par les attractions à sensations du parc». En revanche, le Playmobil Funpark de Fresnes, espace dédié aux fameux jouets pour enfants, nous a expliqué que sur 350.000 vsiteurs par an, la répartition de la fréquentation n'est que d'un adulte pour deux enfants.
Florian Reynaud