Une brique de plus ajoutée à l'édifice Spotify: cette semaine, la discographie complète de Pink Floyd est arrivée sur le site de streaming musical, comme le rapportait notamment le site Billboard. Avant de permettre l'accès à tous ses titres, le groupe avait lancé un petit défi à ses fans: il fallait que Wish You Were Here, un de ses titres-phares, atteigne le million d'écoutes sur la plate-forme pour que toutes les chansons soient disponibles.
Pink Floyd a rejoint la liste des mastodontes un temps inécoutables sur Spotify mais qui l'ont finalement rejoint, comme Metallica en décembre 2012. Mais, pour des problèmes de négociation des droits ou de rémunération, certains groupes ou artistes restent quasi-totalement absents de la plate-forme suédoise, alors qu'ils trônent au palmarès des disques les plus vendus de l'histoire en France et aux États-Unis.: les Beatles, AC/DC, Led Zeppelin... ou, pour la France, Francis Cabrel et Jean-Jacques Goldman.
Négociations difficiles avec les Beatles
Dans l'Hexagone, par exemple, le deuxième album le plus vendu depuis 1968 est Samedi soir sur la Terre de Francis Cabrel, avec presque 4 millions d'unités vendues. Mais sur Spotify, seules les collaborations et les reprises sont disponibles: aucun album complet du chanteur n'est en écoute.
Jean-Jacques Goldman n'est pas non plus sur Spotify alors que son album Entre gris clair et gris foncé est le neuvième plus vendu en France sur la période, avec 2 millions d'exemplaires environ. Seul sa compilation Les Années Warner, sortie en 1984, est disponible à l'écoute, ainsi que quelques collaborations et reprises.
Présents à la huitième place des ventes française avec «l'album bleu» et à la neuvième place des ventes américaines avec le double blanc, les Fab Four ne sont pas non plus présents sur Spotify — avec eux, la négociation des droits est en effet difficile, même si iTunes a réussi à les obtenir.
Toujours aux États-Unis, quatre autres artistes sont partiellement ou totalement absents de Spotify alors qu'ils sont présents dans les meilleures ventes d'albums de tous les temps: AC/DC et Back In Black, Led Zeppelin et Led Zeppelin IV et Garth Brooks et son Double Live.
Que nous disent les stats de YouTube?
Une estimation du succès potentiel de ces artistes sur Spotify serait possible en s'intéressant aux statistiques YouTube. La plateforme du «Broadcast Yourself» est en effet particulièrement prisée pour l'écoute de musique: il suffit de regarder le top 10 des vidéos regardées, essentiellement musical, ou le nombre d'albums qui y sont mis à disposition illégalement, chanson par chanson.
Led Zeppelin arrive largement en tête, devant les Beatles et AC/DC. En revanche, Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman et Garth Brooks, qui ne sont populaires que sur un seul des deux «marchés» que nous avons retenus, sont évidemment loin derrière.
Ces estimations doivent tenir compte de plusieurs paramètres. Pour cinq vidéos à 20 millions de vues, il peut y en avoir 50.000 derrière à plus de 500.000 vues: c'est pourquoi le nombre de résultats donnés pour chaque groupe est aussi indiqué. Certains résultats sont faussés par le mot-clé en lui-même (le groupe «Eagles», par exemple), sans compter le nombre de concerts (comptés ici), de reprises ou de parodies. Garth Brooks, par exemple, est extrêmement repris et les vidéos les plus vues ne sont pas de lui mais d'un ancien candidat à l'émission America's Got Talent.
De son côté, le site Digital Music News a tenté d'estimer au début du mois les revenus tirés par les artistes des diverses plate-formes musicales. Et Spotify ne semble pas payer grassement, même s'il reste, officiellement, évasif sur ses rémunérations. Un label indépendant expliquait ainsi l'an dernier avoir gagné 0,005 dollar par écoute, avec au total 4.277,39 dollars pour 798.783 écoutes.
Les rémunérations restent assez floues. Fin 2009, une polémique avait éclaté lorsqu'une rumeur s'était répandue selon laquelle Lady Gaga n'avait touché qu'une grosse centaine d'euros pour 1 million d'écoutes sur l'année. Selon ZDNet, ce chiffre ne concernait en fait que l'argent reversé pour la Suède.
Florian Reynaud