Combien de films ont été enregistrés ou loués (à l'époque où les films se louaient ou s'enregistraient, bien sûr) uniquement dans l'espoir d'apercevoir telle ou telle nymphette dans le plus simple appareil? Un simple «mais si, je te jure, on voit ses seins, mais bon faut faire pause pour bien mater» balancé entre deux cours suffisait alors à motiver la vision d'un film. Désormais, une banale requête Google suffit non seulement à confirmer ou pas la présence de nudité dans un film, mais également, la plupart du temps, à visionner lesdites scènes directos sur le Net –ou du moins d'un avoir un aperçu rapide en jpg ou gif.
Dans la catégorie «fille pour laquelle on regarderait une adaptation de 3 heures d'un bouquin de Marc Levy uniquement pour y apercevoir un brin de sa chair», l'actrice Amber Heard se pose là. L'éternelle Mandy Lane que tous les garçons aiment, qui titille aussi bien le lecteur de So Film que l'abonné à Voici, a déjà plusieurs mémorables scènes hot dans sa filmographie –elle constitue la principale raison de regarder le moyen The Informers adapté de Bret Easton Ellis.
Dans Syrup, satire de la publicité tirée du best-seller de l'Australien Max Barry paru en 1999, elle incarne 6 (c'est son nom), une cadre sexy dans le marketing. N'étant pas sûr que le film vole plus haut que le sketch des Inconnus sur les pubards («ne pas prendre les gens pour des cons, mais ne pas oublier qu'ils le sont»...), on peut raisonnablement dire qu'Amber Heard est la principale, pour ne pas dire l'unique, raison qui nous titille à l'idée de regarder ce film signé par l'inconnu Aram Rappaport.
Signalons que les plus impatients peuvent déjà se débrouiller pour voir le film, même si sa sortie –limitée– en salles outre-Atlantique n'est prévue que pour le 7 juin prochain, sachant que Syrup est d'ores et déjà dispo en VOD aux Etats-Unis des semaines avant de sortir au cinéma. On pourrait croire ce système (que même l'ardent défenseur d'une refonte de la chronologie des médias que je suis qualifie de «balle dans le pied») réservé aux petits films de série B, mais il n'en est rien: le distributeur américain de Syrup avait réservé il y a peu le même sort au dernier Terrence Malick. Alors certes, son film est abominable, mais le message est clair: la preview VOD et son doigt d'honneur adressé aux salles de cinéma n'épargne plus personne.
Alexandre Hervaud