Culture

Le non Nobel de Philip Roth

Temps de lecture : 2 min

L’écrivain américain est mort à l’âge de 85 ans. Laissant derrière lui une oeuvre jamais couronnée par le prix Nobel.

Philip Roth. New York. Septembre 2010. REUTERS/Eric Thaye
Philip Roth. New York. Septembre 2010. REUTERS/Eric Thaye

Nous republions ce texte d'octobre 2012:

L'événement, aujourd'hui, ce n'est pas que Mo Yan a eu le prix Nobel. Le véritable événement, c'est que Philip Roth ne l'a pas eu.

Sur Les Inrocks, Nelly Kapriélian écrit:

«Le Nobel de littérature n’est pas une affaire sérieuse. C’est tout au plus un running gag, fomenté par un gang de vieux suédois pervers décidés à tuer Philip Roth à petit feu en récompensant à peu près tout le monde et n’importe qui, sauf... lui.»

En 2011, alors que Thomas Tranströmer venait de se voir décerner le Nobel, la même écrivait:

«Le Suédois est sadique. Chaque année, il torture Philip Roth en lui faisant miroiter le prix Nobel de littérature... Et Roth de vieillir pendant ce temps (78 ans cette année) sans jamais obtenir le prestigieux prix.»

Cette même année, sur le site Bibliobs, on pouvait lire un article intitulé: «Le roi Roth aura-t-il le Nobel cette année?». Didier Jacob écrivait, à propos de l'écrivain:

«Il a écrit cinquante-trois livres. Reçu un nombre incalculable de prix, sauf le Nobel (le ridicule ne va-t-il pas finir par tuer ces jurés suédois?)»

En 2010, quand Herta Müller avait reçu le Nobel, Hubert Arthus écrivait, toujours dans Les Inrocks mais en partenariat avec Rue89:

«C’est ces derniers jours que la romancière roumaine a fait résonner son nom autant que ceux de Oz, Oates et Roth dans la liste des nobélisables. C’est elle qui l’a emporté. Quitte à devoir en priver une nouvelle fois le somptueux Philip Roth.»

Philip Roth, c'est le Woody Allen de la littérature: le génial ashkénaze obsédé par le sexe que la France aime, adule, adore. Qu'elle lit beaucoup aussi: Philip Roth est très régulièrement dans les toutes premières places des ventes de livres dès qu'il sort un nouveau roman. (Il y a de quoi, ceci dit: où trouve-t-on un sein qui parle avec l'élégance d'un prof de littérature si ce n'est chez Philip Roth?)

Aux Etats-Unis, les journalistes s'interrogent aussi. Le critique littéraire de Bloomberg prévoyait il y a quelques jours la mauvaise humeur de Philip Roth à l'idée d'être de nouveau snobé. Mais c'est logique, les Américains se préoccupent de leurs auteurs. Pourquoi on ne se plaint pas de ce qu'Yves Bonnefoy n'a pas encore reçu le Nobel? Hein, franchement?

La France, si prompte à critiquer les Etats-Unis dès qu'il s'agit de politique, semble se rattraper sur la littérature. Au point d'être prête à dénoncer un complot contre l'Amérique.

Charlotte Pudlowski

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