Culture

Quand la mère de David Foster Wallace inventait des mots

Temps de lecture : 2 min

Couvertures de livres de David Foster Wallace au Diable Vauvert.
Couvertures de livres de David Foster Wallace au Diable Vauvert.

Aux Etats-Unis, David Foster Wallace, c'est un peu le Houellebecq national, sauf qu'il est mort. (Et que ses livres n'ont rien à voir.) C'est un écrivain extraordinaire, qui n'a pas en France la célébrité qu'il mérite, notamment parce que le roman considéré outre-Atlantique comme son chef d'oeuvre, Infinite Jest, n'est pas encore traduit en français. (Les éditions du Diable Vauvert promettent une traduction prochainement.)

Donc aux Etats-Unis, où David Foster Wallace (DFW) est une star des lettres, la sortie de sa biographie fait événement. Dans Every Love Story Is a Ghost Story: A Life of David Foster Wallace (Chaque Histoire d'amour est une histoire de fantôme: la vie de David Foster Wallace) D. T. Max raconte notamment, rapporte BrainPickings, que la mère de DFW inventait des mots, et que ceux-ci ont imprégné l'oeuvre de son fils (qui s'est suicidé en 2008).

Dans la biographie, citée par BrainPickings, l'auteur écrit:

«Personne n'écoutait David comme sa mère. Elle était intelligente et drôle, il pouvait facilement se confier à elle, et elle l'incluait dans son amour des mots. Même des années plus tard, alors qu'il se débattait avec l'héritage de son enfance, il continuait de parler avec affection de la passion qu'elle nourrissait pour les mots et la grammaire –une passion qu'elle lui avait transmise. Si une chose n'avait pas de mot, Sally Wallace l'inventait: “greebles” signifiait ainsi un ensemble de petites peluches, surtout celles que l'on ramenait dans le lit, collées au pied; “twanger” était le mot employé pour quelque chose dont vous ignoriez le nom ou dont vous n'arriviez pas à vous souvenir. Elle adorait le mot “fantods”, qui représentait un sentiment de peur immense ou de répulsion (...). Ces mots-là, comme la plupart de son enfance elle-même, se retrouverait dans l'oeuvre de Wallace.»

De fait, dans l'ultime roman de DFW, Le Roi Pâle, on lit en effet:

«He could not understand why he was so afraid of people possibly seeing him sweat or thinking it was weird or gross. Who cared what people thought? He said this over and over to himself; he knew it was true. He also repeated—often in a stall in one of the boys’ restrooms at school between periods after a medium or severe attack, sitting on the toilet with his pants up and trying to use the stall’s toilet paper to dry himself without the toilet paper disintegrating into little greebles and blobs all over his forehead, squeezing thick pads of toilet paper onto the front of his hair to help dry it…»

Le Roi Pâle sort en France le 13 septembre (traduit par Charles Recoursé). Le passage incluant greebles donne:

«Il ne comprenait pas pourquoi il craignait tant qu’on le voie transpirer ou qu’on trouve ça bizarre ou dégoûtant. On se fichait de ce que pensaient les gens. Il se le disait encore et encore ; il savait que c’était vrai. Il se répétait aussi –souvent dans les toilettes des garçons entre les cours après une crise moyenne à grosse, assis sur la cuvette pantalon relevé, essayant de se sécher avec du papier toilette sans que le papier se désintègre en petites boules et peluches partout sur son front, appliquant de gros tampons de papier toilette sur l’avant de ses cheveux pour les sécher (...).»

C.P.

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