Salut les loulous, comment ça boume? La pêche, la patate? Nous, depuis la réouverture des terrasses, on a complètement vrillé, on est totalement crazy, totalement locas.
Nous quand on essaie de reprendre une vie sociale normale.
Après avoir vu les deux tiers de la demi-finale (surchauffe du cerveau imminente), il reste une dernière épreuve, celle choisie par Mallory.
Cette semaine, le thème, ce sera... la vessie. Ok «Top Chef». Il est vraiment temps de raccrocher, là. On a beaucoup trop souffert ces derniers mois pour se taper une émission 100% vessie. Vivement les vacances.
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L'épreuve
C'est donc au tour de Mallory d'imposer son épreuve, et comme c'est le grand gentil de la compétition, on a un peu peur pour lui. Surtout quand il annonce que le thème sera «la cuisson parfaite d'un turbot».
Après la pâtisserie de l'extrême de David et le psoriasis de dragon d'Adrien, son idée fait très «premier cours d'école hôtelière». C'est un peu comme si dans les douze travaux d'Hercule, l'une des épreuves consistait à orthographier le mot «bonjour».
Mais le Belge ne s'arrête malheureusement pas là et ajoute une spécificité de taille: il faudra faire une «cuisson en vessie» –ça nous rappelle quand on a fait un road trip dans la vallée de la Mort et qu'on n'a pas pu aller aux toilettes pendant cinq heures d'affilée. Devant un tel intitulé, on commence à se dire qu'on n'aurait pas dû prévoir de manger devant l'émission.
La vessie en question est aussi appétissante que son nom l'indique. Ça ressemble à une mozzarella alcoolique, qui a eu une vie difficile et a vu des choses qu'elle n'aurait pas dû voir, un peu comme la Cendrillon de Téléphone.
On dirait le pancréas de Robert Baratheon.
Le principe, c'est de fourrer la vessie d'un porc avec du poisson et de faire cuire le tout à basse température. Miam!!! C'est un peu comme si on utilisait un cadavre pour faire cuire une côte de bœuf.
Non mais qui a eu l'idée de faire cuire du poisson dans une vessie? Un jour, au Moyen Âge, un mec est mort, il avait la goutte, ils n'avaient plus rien pour cuire le poisson, et voilà? (Attention: nous ne sommes ni historiennes, ni expertes en maladies inflammatoires).
Les heures les plus sombres de l'histoire de la cuisine française, alors.
L'épreuve sera jugée par Christian Sinicropi, «un spécialiste du turbot en vessie» (???). Adrien nous dit qu'ils sont «un tout petit peu dans la merde» et David a «vraiment les boules» –comme quoi Mallory a peut-être trouvé la bonne combine pour gagner.
On commence d'ailleurs avec le candidat belge. Mais avant de passer à son plat, l'émission nous inflige une série de flash-backs sur le parcours du candidat. Si on enlevait tous les flash-backs de cet épisode, il ne durerait que 15 minutes.
On a aussi droit au top 3 de ses plats selon Michel. Les monteurs de l'émission, c'est nous quand on voulait rallonger nos disserts pour faire genre on est hyper intelligentes et qu'on rajoutait des phrases comme: «Je vais par conséquent m'apprêter à détailler pour vous les différentes parties de cette dissertation ci-dessous; toutefois, cependant, j'aimerais éventuellement vous exposer simplement et schématiquement chacun des éléments cruciaux et élémentaires de la question amplement et en détail. Car Voltaire ne disait-il pas, inéluctablement, que “dans des malheurs présents, dans l'espoir des plaisirs, nous ne vivons jamais, nous attendons la vie”? Indubitablement, et anticonstitutionnellement.» (Oui, on sait que ce n'est pas Voltaire.)
Mais revenons à notre vessie.
Quand on a enfin pu pisser dans la vallée de la Mort.
Mallory a l'air de maîtriser, mais il se lance dans une dizaine de préparations à la fois, dont des chips de pomme de terre qui vont «faire comme des ressorts de voiture, des amortisseurs» (les hommes et la bouffe, c'est tout un poème). La tension est à son comble, il manque de cramer sa sauce et brûle carrément ses chips-amortisseurs. On est tendues, et Michel aussi.
Quand tu croises quelqu'un qui éternue dans la rue.
Passons à David.
Ah.
Attendez.
Pour poursuivre sur ce qui deviendra le thème récurrent de cet épisode, l'émission nous offre un récit du partenariat de Mallory et David à grands coups de flash-backs. Ils savent qu'ils ne sont pas obligés de combler et qu'ils peuvent juste nous sortir une émission plus courte? Parce que s'il y a bien un truc qu'on n'a pas envie de revivre, c'est l'époque «ninja» de Mallory et David. C'est comme le confinement, on aimerait bien oublier.
David n'a jamais fait de cuisson en vessie (on ne peut pas vraiment lui en vouloir) mais ne s'en sort pas trop mal. Seul problème: son beurre blanc est un peu trop fort pour Hélène Darroze. Pour remédier à ça, il rajoute de la crème crue. Sans une once d'ironie, Hélène le félicite et lui dit que «ça va l'alléger». Astuce «Top Chef»: pour alléger vos crêpes, ajoutez 390 g de beurre fondu et 133 cL de crème entière.
Quant à Adrien, il nous dit que le turbot, «c'est un peu trop noble» pour lui. Quel iconoclaste! Quel génie! Quel homme du peuple!
Véritable MacGyver des fourneaux, il décide de faire une trachéotomie à sa vessie (???) à l'aide d'un stylo Bic pour bien la gonfler (??????). Et parce que c'est vraiment trop un ouf, au lieu de cuire son plat dans de l'eau frémissante, il passe le tout au four.
Au moment de finir la cuisson, coup du sort: sa vessie se perce dans l'eau. Adrien n'est pas content et la traite de «salope». Pour info, «salope» est une insulte profondément misogyne, a fortiori quand elle s'applique à une vessie. Mallory, lui, ne cache pas sa joie.
Quand la vessie de ton adversaire éclate.
Vient le moment de la dégustation. David est déçu parce que sa vessie, «elle est dégueulasse, elle est moche». Faut accepter sa vessie comme elle est, David. All vessies are beautiful!
Autant vous dire que la dégustation ne nous donne pas du tout envie. Franchement, vous nous servez une vessie de porc dans un coquetier, qu'on doit découper avec des ciseaux de cuisine pour ensuite accoucher d'un tas de poisson entouré d'algues, on vous dit non.
On dirait Saroumane qui communique avec Sauron.
Tous les candidats s'en sortent plutôt bien, et on attend les résultats avec impatience. Mais on n'est pas au bout de nos peines.
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La réunion parents-profs
Et c'est ici que démarre ce qui est sans doute la pire séquence de l'histoire de «Top Chef» –non, de l'histoire de la télévision. Dans une émission déjà amplement raccourcie, cet épisode décide d'accorder non pas 5, pas 10, mais plus de 20 minutes à des discussions entre les candidats et leurs chefs de brigade, entrecoupées de flash-backs DE TRUCS QU'ON VIENT DE VOIR.
C'est l'équivalent télévisuel des invité·es à la maison qui te disent «Allez, on va y aller» et qui passent 45 minutes à discuter dans l'embrasure de la porte après t'avoir fait la bise. PARTEZ!!! On veut se brosser les dents, ranger la cuisine et aller se coucher!!! Barrez-vous!!!!!!!!!
Ça commence avec David et Hélène qui se regardent les yeux dans les yeux, et David qui lance à Hélène: «Vous êtes l'exemple même de la deuxième maman que j'aurais pu avoir.»
Malaaaaaaaaiiiiiiiiiiiiiiiiiiise.
David se remémore aussi la fois où son compagnon et ses enfants lui ont rendu visite et explique que «Mes enfants, c'est mon sang quoi» –oui, c'est le principe pour beaucoup d'enfants.
Les flash-backs se succèdent, et on réalise que toute la fin de l'émission va consister à ça. On s'en fout! On les a vus les épisodes, on a même écrit des récaps.
Liste des raisons pour lesquelles on regarde «Top Chef»:
- voir des gens cuisiner
- voir du foie gras
- regarder Michel Sarran traiter les gens de «couillong»
- apprendre ce qu'est un «turbot en vessie»
- voir Hélène Darroze se casser la gueule.
Liste des raisons pour lesquelles on ne regarde PAS «Top Chef»:
- voir trois candidats raconter leurs vies avec des flash-backs de trucs qu'on a déjà vus!!!!!!
On a l'impression de devoir assister à une soirée diapo des vacances pourries à Malte de notre tante Yvonne.
Bah on pourra éteindre la télé et reprendre notre vie!
On a même droit à un DEUXIÈME flash-back de Mallory qui remporte l'épreuve de Yannick Alléno, alors qu'on en avait déjà eu un plus tôt dans l'émission.
Évidemment, on nous ressort aussi les grands classiques, comme le moment dans le premier épisode où Adrien a eu un éclair de génie révolutionnaire et a cassé tous les codes de la narration traditionnelle… en allant aux chiottes. Si on nous donnait un euro à chaque fois qu'ils nous montrent Adrien qui revient des toilettes, on serait millionnaires.
Et ça dure. Et ça dure. On a envie de prendre un flambadou et de tout cramer. C'est comme si dans notre récap, on revenait en détail sur tous nos anciens récaps:
Débutés dans la France d'avant, nos récaps se sont progressivement transformés en chroniques du confinement, alors que tous nos repères se voyaient bouleversés. Nous avons traversé les épreuves bravement, essayant tant bien que mal de vous faire rire chaque semaine.
Mais si on devait vraiment retenir trois blagues depuis le début de l'émission, il y aurait forcément celle-ci: «Pour cette dernière épreuve de la soirée, le thème, c'est le chou. Ça va péter (littéralement).» Sortir cette blague, c'était un peu de la facilité. Certes, les blagues sur les pets, en 2020, c'est suranné. Mais comme Mallory lorsqu'il a fait une crêpe aux pommes en dernière chance, parfois, il faut savoir jouer la simplicité.
On s'est aussi beaucoup reposées sur l'humour visuel, comme la fois où l'on a renommé ce plat de salade de Justine «diarrhée en trois temps». Simple, efficace.
Notre plus grande réussite, c'est peut-être quand on a fait appel à la tradition humoristique ancestrale du jeu de mots: «Adrien va réaliser un shabu-shabu, c'est-à-dire un bouillon aromatique dans lequel la viande sera trempée, à ne pas confondre avec “chabout chabout”, qui est ce qu'on dit quand on prépare l'eau des pâtes.» C'était osé, mais après tout, cette année, c'était la saison de l'audace.
Vous voyez comme c'est chiant??? Hein?????? Bref. Quelle fin d'émission pourrie. C'est pire que le final de Game of Thrones.
Après 55 minutes (temps ressenti) à attendre que les trois candidats soulèvent leur cloche, on découvre ENFIN que David a remporté l'épreuve de la vessie… Et que «souvenez-vous, à cause du règlement», c'est Mallory qui est éliminé parce qu'il a perdu sa propre épreuve et qu'il fallait bien trouver un moyen de le départager avec Adrien.
Qui se souvient de cette règle??? Adrien et David sont incontestablement deux excellents cuisiniers, mais on n'a pas l'impression qu'il s'agit d'une victoire particulièrement glorieuse.
On est assez tristes que le candidat le plus humble des trois soit parti. Son enthousiasme, son fair-play et sa complicité avec Michel vont nous manquer. Arriver à ce niveau de la compétition, avec une telle maturité, à seulement 22 ans, c'est admirable.
Et quand on voit les extraits de la semaine prochaine, où David et Adrien semblent encore nous faire de bons gros cacas nerveux, on se dit qu'on aurait vraiment aimé voir quelqu'un comme Mallory ou Martin en finale.
La semaine prochaine, c'est donc enfin la finale (it's been 84 years). Mais c'est surtout le grand retour de Justine, Mory et de JEAN-PHI!!! Décidément, lui, tu le sors par la porte, il revient par la fenêtre. On a hâte de les retrouver.
En vrac
– Précédemment, dans Game of Thrones:
– «Mallory, le benjamin de l'émission»: il s'appelle Mallory ou Benjamin? (Oui, nous sommes fatiguées.)
– Arrêtons de qualifier Adrien de «force tranquille», Mitterrand mérite mieux comme héritage.
– Nous quand on réalise qu'ils vont vraiment nous passer une demi-heure de flash-backs sur 1h10 d'émission:
– Quand on demande à Adrien s'il a déjà fait une cuisson en vessie: «Déjà fait oui, mais j'ai pas trop l'habitude, donc non.» C'est un peu comme si on nous demandait quinze ans après la fin du lycée de faire une version de latin.
– Le coronavirus sur les terrasses en ce moment:
– Phrase qu'on a prononcée pendant le visionnage de cet épisode: «Je me demande si les gens qui ont un accent du Sud très fort, ça les frustre de ne pas arriver plus vite au bout de la phrase.» (On rappelle qu'on a nous-mêmes un acceng du Sud, donc on a le droit.)
– Nos comptes en banque post-déconfinement:
– Nous vs nos potes qui prévoient un voyage à Ibiza fin juin: