Depuis le début du confinement, je me suis imposé quelques règles. Certaines impliquaient des choses à faire: m'habiller tous les jours comme un adulte même si je ne pouvais aller nulle part, lire les bouquins jusqu'à la fin, faire du sport tous les matins dans ma chambre et –pour la première fois de ma vie– apprendre à repasser mes chemises.
Puis il y avait une liste, plus courte, de pratiques que je me suis interdit jusqu'à la fin de cette histoire: pas de séries télé, jamais, et pas de pâtes à la tomate, jamais. En tant que millennial (et en tant que rital), la double interdiction du streaming et des tomates pelées s'annonçait pour le moins ambitieuse.
Au bout d'un mois et quelques jours, je peux faire un bilan: concernant la partie «choses à faire», c'est une catastrophe (avec une mention spéciale pour l'exercice physique et le fer à repasser, que je n'ai pas du tout approché). À l'inverse, à mon grand étonnement, ça s'est très bien passé avec la partie «interdictions»: je n'ai jamais mangé de pâtes à la tomate, ni entamé le moindre épisode de série télé. Le plus grave dans tout ça, c'est que m'abstenir des spaghetti al pomodoro et de La casa de papel ne m'a coûté aucun effort particulier.
La leçon que j'en tire sur moi-même est que je ne suis peut-être pas si libertaire que ça, mais on s'en fout un peu, vous allez me dire. La morale plus générale est que, surtout dans des temps aussi exceptionnels, il est bien plus facile d'interdire (et de s'interdire) que de forcer (et de se forcer) à faire quelque chose.
L'effet collatéral de l'interdiction des pâtes à la tomate a été plus curieux: je me suis mis à faire du taboulé tout le temps. Au bout d'une semaine, mon colocataire a timidement essayé de me dire qu'il commençait à en avoir marre. Du coup, j'ai fait du taboulé, mais avec des brocolis crus.
Ce taboulé pas du tout traditionnel est devenu à son tour un classique incontournable, et la fréquence des repas à la maison m'a poussé à le faire différemment à chaque fois: sentez-vous libres d'ajouter les herbes et les épices que vous aimez, mais aussi quelques bouquets de chou-fleur rôti comme ici.
Taboulé de brocolis crus
Il vous faut:
- 2 petits arbres de brocoli ou un grand, bien vert et ferme
- 5 cuillères à soupe d'huile d'olive
- 1 citron jaune non traité, son zeste râpé et son jus pressé
- 1 oignon nouveau
- 3 cuillères à soupe de raisins secs
- 100 g de persil frais
- 50 g de menthe fraîche
- 1 piment rouge frais (facultatif)
- 1 cuillère à soupe de sumac
- 1 cuillère à soupe de sel non raffiné
- poivre du moulin
Dans un petit poêlon, chauffez de l'eau jusqu'à ébullition, éteignez le feu et versez les raisins secs. Laissez-les se réhydrater au moins 10 minutes, puis égouttez.
Lavez abondamment les brocolis sous l'eau courante, puis coupez les pointes des inflorescences (pas plus de deux ou trois millimètres). Gardez les troncs pour une soupe à faire dans les jours suivants.
Versez les préparations obtenues précédemment dans un grand saladier et salez. Ajoutez le zeste de citron, ainsi que le jus et l'huile d'olive, puis mélangez bien. Ciselez finement l'oignon, le piment, le persil et la menthe fraîche, puis ajoutez-les dans le saladier. Ajoutez enfin le sumac en poudre et poivrez.
Laissez reposer au moins 15 minutes puis servez. Cette salade se garde très bien jusqu'au lendemain, mais elle changera de goût et de texture: à vous de voir si vous la préférez plus fraîche et croustillante, ou plus goûteuse et «cuite».