Le confinement, pour moi, a commencé il y a bientôt deux semaines, ce qui me donne la drôle d'impression de pouvoir émettre des petites prophéties par rapport à ce qui va se passer en France. Je sais comment vous vous sentez, même si –parfois– vous n'êtes pas encore en mesure de décrire ce qui traverse vos esprits. Vous avez envie de lire plein de longs bouquins, vous pouvez enfin ranger les fringues amassées sur la chaise à côté du lit, vous avez trouvé le moment de vous consacrer à plein temps à ce projet perso, vous avez choisi d'appeler plus souvent ces ami·es que vous avez longtemps négligé·es.
Et vous ne le faites pas. Vous n'arrivez pas à aller au-delà de la première page quand vous lisez, la chaise remplie de fringues est devenue votre amie imaginaire, et ainsi de suite...
Je vous rassure: ça passe.
D'autres problèmes, d'un nouvel ordre, vont intervenir, mais on verra ça plus tard. Moi j'en suis au moment où je passe les soirées à me mettre du vernis sur les ongles impairs; on en parlera aussi.
Je me suis fait une petite idée de la raison pour laquelle on n'arrive pas à faire ce que l'on voudrait dans ces journées de liberté domestique absolue: c'est une stratégie inconsciente qu'on met en place pour nous défendre contre le vide. Parce que si nous ne faisons pas encore fait ce qu'on aurait voulu accomplir, on peut aller se coucher en pensant qu'on le fera demain, et du coup la journée suivante prend un poil de sens en plus.
Limiter drastiquement ses emplettes
Cela dit, un des problèmes majeurs de ces jours-ci est le siège délirant des supermarchés, qui empêche les gens calmes de faire leurs courses normalement. C'est pourtant assez intuitif: se ruer les un·es sur les autres dans les rayons des pickles n'est vraiment pas une bonne idée à l'heure actuelle. Le désordre et les rassemblements paniqués risquent, ainsi, de devenir la tournée des adieux du virus. Donc, paradoxalement, le meilleur conseil qu'on puisse donner est de ne pas aller faire des courses du tout, évidemment dans la mesure du possible.
La nourriture et les biens de première nécessité seront toujours là dans les jours à venir et, à partir du moment où l'on ne peut pas faire ses courses normalement, c'est celui de s'aventurer dans les coins et les recoins les plus insoupçonnables de nos placards, pour remettre les choses à plat.
Couscous croustillant façon puttanesca
À l'exception des herbes fraîches, c'est une recette qui se réalise uniquement avec des produits de longue conservation. En lisant la liste des ingrédients vous allez penser que vous ne les avez pas. Alors que, là-bas, derrière la boîte des céréales…
L'histoire qui m'a conduit à cette recette est très longue: les restes de couscous sauté avec des oignons et des tomates sont un souvenir d'enfance du chef palestinien Sami Tamimi qui, avec son associé Yotam Ottolenghi a eu l'idée de le saisir à la poêle pour le rendre croustillant. Après l'avoir découvert et cuisiné plusieurs fois à leur façon, j'ai décidé de le pimper un peu en sauce italienne, en l'occurrence avec cette association de saveurs que –vous devriez le savoir– j'affectionne particulièrement.
Tommaso Mellili
Pour deux personnes, en plat, avec une belle salade
- 1 tasse de couscous précuit
- 3 cuillères à soupe d'huile d'olive
- 50 g de beurre
- 1 oignon
- 1 cuillère à soupe de concentré de tomate
- 1 boite de tomates pelées
- 4 filets d'anchois à l'huile
- 15 olives noires dénoyautées
- 15 câpres ou 8 fleurs de câpres
- 1 petit bouquet de persil ou d'aneth frais
- 1 gousse d'ail, pelée et légèrement écrasée
- 1 petit piment sec (optionnel)
- 1/2 cuillère à café de sel non raffiné
- Poivre du moulin
Prenez une poêle anti-adhésive pour laquelle vous avez un couvercle et chauffez-la avec l'huile d'olive, la gousse d'ail et le piment émietté. Coupez finement l'oignon et faites-le revenir 5 minutes à feu moyen dans la même poêle. Les 5 minutes passées, rajoutez le concentré de tomate, les filets d'anchois, les olives et les câpres. Laissez revenir encore une petite minute, puis rajoutez les tomates pelées et laissez mijoter doucement 10 minutes.
Entre-temps, préparez le couscous. Posez le couscous dans un grand bol avec le sel. Arrosez-le avec une tasse d'eau bouillante, puis couvrez et laissez réhydrater 5 minutes. Les 5 minutes passées égrainez le couscous avec une fourchette, puis versez la sauce dans le bol, mélangez bien les deux et poivrez. Goûtez pour vérifier l'assaisonnement, et rajoutez éventuellement un peu de sel.
Nettoyez la poêle que vous avez utilisée pour la sauce et faites-y fondre le beurre sur un feu moyen. Remettez le couscous à la puttanesca, en l'étalant avec le dos d'une cuillère. Couvrez et cuisez à feu moyen pendant 12 minutes, ou jusqu'à ce que les bords soient croustillants. Renversez le contenu de la poêle dans un grand plat, rajoutez les herbes fraîches, et mangez chaud, tiède ou à temperature ambiante.