Un aller pour la terre
«Le vendredi 30 mars 2018 à 15h07 je fermais la portière d’un aimable inconnu de l’autostop et m’élançais avec mon sac de toujours et mes chaussures de randonnée vers la barrière du péage de la sortie 9, déserte et minérale. Sur le zébra juste derrière, une berline attendait, deux personnes en sont sorties pour m’accueillir. On a balancé les affaires dans le coffre et les premières questions dans l’habitacle. La femme conduisait la voiture et la conversation, en parlant franchement, de trucs dont elle semblait avoir une longue expérience et ça me serait pas venu à l’idée de la contredire. Je lui trouvais une certaine sensibilité habillée dans une rudesse de forme. Lui, je me souviens qu’il avait de longs cheveux gris, un bleu de travail et du bleu derrière des verres progressifs, trop fumés par rapport à la luminosité, comme toujours. Il abondait dans le sens de sa femme en glissant quelques anecdotes d’une grosse voix douce. Je sais plus ce qu’on s’était dit, mais je me souviens que je me sentais entre de bonnes mains sur ma banquette arrière et j’avais bien aimé ces 8 premiers kilomètres vers ma nouvelle vie.»