Un aller pour la terre
«En y repensant il y a quand même un truc qui m’avait paru louche en arrivant à la ferme. Dès les premières semaines, ça parlait effondrement sociétal à table. J’avais échappé aux éco-bisounours, aux polyamouristes et aux chamans improvisés, mais pas aux théoriciens du complot. Fichtre. Deux semaines après mon afermissage, trois de mes nouveaux colloques partaient pour un tour de France à vélo sur l’effondrement, pour annoncer la fin du monde. Super. La première soirée débat se passait au chef lieu du canton, sur la vieille place avec des arcades, on avait pris les vélo. Ça commençait par la vidéo d’un universitaire au regard pétillant de bienveillance qui avait l’air gentil comme tout mais qui déballait un paquet d’atrocités sur la société « thermo-industrielle », celle du pétrole et des usines, qui avait de fortes chances de disjoncter dans les dix ans à venir. On était ensuite passés à un sondage spatial pendant lequel les participants étaient invités à se tenir d’un côté ou de l’autre de la salle pour dire comment ils se sentaient. On était pas mal agglutinés sur le mur de gauche : pas top.»