Transfert
Un prêtre est assis sur un banc, il s'adresse à celle qui, quelques jours plus tôt, était encore la Première Dame des États-Unis. Il dit:
«Vient un moment dans la vie, dans la quête de sens d'un être, où l'on réalise qu'il n'y a pas de réponse. Et lorsque l'on arrive à cette terrible, inévitable prise de conscience, il faut l'accepter ou se suicider. Ou simplement arrêter de chercher.»
La femme à laquelle il s'adresse est Jackie Kennedy, et l'héroïne de Pablo Larrain dans son dernier film, Jackie.
Dans la scène suivante, un homme, au téléphone, annonce que Jackie Kennedy veut que reposent près du Président assassiné ses deux enfants morts: Arabella et Patrick. Ils vont être déterrés pour être rapprochés de leur père.
Des vies communesAprès une fausse couche en 1955, Jackie, en 1956, le 23 août, donne naissance à une petite fille mort-née: Arabella. Sept ans plus tard, après deux autres enfants, Caroline et John Kennedy Jr, naît prématuré Patrick Bouvier Kennedy. Nous sommes en 1963, et de nouveau au mois d'août. Trois mois avant l'assassinat de JFK et Patrick ne vivra que deux jours.
En filmant l'enterrement des deux enfants morts des Kennedy, Pablo Larrain met en parallèle ces deux vies à peine respirées, avec celle d'un homme qui restera une figure essentielle de ce siècle.
Qu'y a-t-il de commun, entre ces vies, si courte pour Patrick, jamais vécue pour Arabella, et celle d'un homme devenu Président des Etats-Unis? Qu'est-ce qu'une vie qui ne dépasse quelques heures? Et une vie qui ne dépasse jamais un ventre? Et comment faire le deuil d'existences si brèves?
C'est ce que raconte l'histoire de Valérie.
Cet épisode est signé Agathe Le Taillandier