Transfert
En 2006, Virginie Despentes publie King Kong Théorie. Dedans, elle décrit tout des mécanismes d’oppression que l'on ressent, sans forcément l'intellectualiser ou l'analyser, quand on est une femme. Elle écrit alors que «plaire aux hommes est un art compliqué, qui demande qu’on gomme tout ce qui relève de la puissance», «qu’être complexée, voilà qui est féminin. Effacée. Bien écouter. Ne pas trop briller intellectuellement. Juste assez cultivée pour comprendre ce qu’un bellâtre a à raconter.»
Elle disait surtout: «Entre la féminité telle que vendue dans les magazines et celle de la pute, la nuance m'échappe toujours. Et, bien qu'elles ne donnent pas clairement leurs tarifs, j'ai l'impression d'avoir connu beaucoup de putes, depuis. Beaucoup de femmes que le sexe n'intéresse pas mais qui savent en tirer profit. Qui couchent avec des hommes vieux, laids, chiants, déprimants de connerie, mais puissants socialement.»
Vieux, laids, chiants et puissantsQui coucherait avec des hommes «vieux, laids, chiants, déprimants de connerie, mais puissants socialement»? Comment se retrouve-t-on dans ce genre de situation? Parce que vu depuis l'après, c'est facile de se dire que c'est dingue, que c'est moche, que c'est terrible, qu'on ne l'aurait pas fait. Mais pourquoi certaines y sont parfois acculées? Parce que c’est ce que beaucoup d’hommes attendent, et que ce sont des hommes qui tiennent les rênes, partout, dans tous les domaines, encore aujourd’hui. Voilà ce que raconte cette histoire: comment on peut en venir à vouloir coucher pour réussir, ou ce à quoi il faut renoncer quand on est une femme.
Ecoutez l'épisode d'Elise Costa:
Cet épisode a été monté par Alexandre Mognol.