Transfert
Dans le livre 1 de ses Essais, Montaigne écrit que «Le jour de notre mort est le seul qui permette d'émettre un jugement sur tous les autres jours de notre vie». Il disserte sur le fait qu’au moment de sa mort, un être peut faire preuve de courage ou de lâcheté, et qu’il peut se montrer autre que ce qu’on l’a toujours cru. La mort est le véritable révélateur. «À cette dernière scène entre la mort et nous, poursuit-il, il n'y a plus à feindre, il faut montrer ce qu'il y a de réel et de bon au fond de nous-mêmes.»
Mais quand Montaigne écrit ça, on comprend aussi qu’une vie n’est vraiment intelligible qu’à la fin, c’est le recul qui compte, la possibilité de regarder une existence dans son entièreté. De tracer les lignes entre les événements comme au crayon de papier, quand on reliait les uns aux autres les points sur les matrices de dessins pour enfants. En attendant, on avance parfois à tâtons sans comprendre le sens général, qui bientôt apparaîtra. C’est ce qui est arrivé à Léna, qui pendant des années voyaient des indices s’accumuler sans savoir vers quoi ils pointaient. Jusqu’à ce qu’une découverte fasse prendre au puzzle des événements tout son sens.
Cet épisode de Transfert a été réalisé par Iris Ouédraogo. Il est produit par Louie Média pour Slate.fr.
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