Transfert
En 2004, Matthias a 18 ans. Il est «en sortie de lycée, en début de fac», cette époque dit-il, où l'on ne se connaît pas très bien, où l'on n'est pas encore formé. Et il rencontre une fille.
Elle lui plaît, il flirte avec elle, et puis… plus tant que ça. Il veut s’en défaire.
StalkingCette année-là, quelques mois plus tôt, dans une chambre de Harvard, Mark Zuckerberg a inventé Facebook. Mais en France, il va falloir encore quelques années avant que le réseau social ne devienne accessible. Nous sommes dans un monde pré-réseaux sociaux numériques, presque pré-Internet vu l'état des connexions...
Rien de plus facile donc, que de rompre? Ces dernières années, quantité d’articles ont expliqué que c’était Facebook qui rendait la rupture difficile, que les résaux sociaux empêchaient de défaire les liens, permettaient le «stalking» ‑la traque‑ l’espionnage des ex, de faire perdurer un contact malsain…
Mais est-ce que Facebook ne permet pas au contraire une distance? Quand une personne voulait vous stalker, vous poursuivre, dans le monde d'avant 2004, il le pouvait déjà: mais son stalking devenait plus gênant encore, parce que plus réel. S’il ne pouvait pas regarder vos photos en ligne, il pouvait vous téléphoner. Et si vous n’aviez pas de téléphone portable, il pouvait appeler chez vous, chez vos parents. Vous aviez un téléphone fixe, parfois sans l’affichage du numéro. Vous ne pouviez pas d’un toucher d’écran refuser un appel, bloquer un numéro, ranger votre téléphone dans votre poche. L’invasion était peut-être plus rare, plus difficile, mais quand elle avait lieu, elle était bien plus grande.
Facebook a-t-il vraiment accentué le stalking? Ou ne l'a-t-il pas renversé, facilité, répandu mais adouci?
Cette histoire est signée Vincent Manilève, réalisée par Charles Trahan, avec Alexandre Mognol à la prise de son.
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