En France, 47% des adultes sont en surpoids. Cette part importante, donc, de la population, est pourtant souvent victime d'insultes et de harcèlement. Au micro de YESSS, Anouch Chaldjian du mouvement Gras politique, une association qui lutte contre la grossophobie, décrit comment cette dernière existe dans tous les pans de la société et même à l'école. «C'est en mettant des enfants au régime qu'on fait des “gros” [...] Dans le programme de SVT, les corps gros sont seulement représentés dans les chapitres sur l'alimentation, souvent affalés, représentés en train de bouffer. Ça donne des billes aux gamins qui harcèlent les gros et c'est affreux.»
Ce type de représentation a des répercussions sur la vie quotidienne des personnes grosses. Ayoub a toujours été un peu rond mais lorsqu'il commence à prendre du poids, les réactions au collège et à la maison changent. Au micro de Transfert, il raconte comment, après ses parents, ses deux frères ont tenté de le forcer à faire un régime. «Je commence à ressentir une sorte de haine envers eux parce qu'ils me privent de nourriture», confie-t-il. Une fracture s'installe dans le foyer, Ayoub fuit de plus en plus son domicile pour éviter les réprimandes de sa famille sur son poids.
L'espace public n'est pas non plus un lieu sûr pour les gens en surpoids. Que ce soit dans la rue ou dans un cabinet médical, ils sont souvent confrontés à un traitement différent, bien que ce soit interdit par la loi. «L'obésité est régulièrement présentée comme une épidémie, comme un souci majeur de santé publique. Et pourtant, les médecins ne sont souvent pas équipés pour soigner les personnes», expliquent Aude Lorriaux, Marie Kirschen et Gabrielle Deydier dans Le Deuxième texte.
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Souvent rejetés, les gros·ses peuvent aussi faire l'objet d'une fascination, sexuelle notamment. En 2022, sur le site pornographique PornHub, le terme «BBW» –comprenez «belle grosse femme»– était le 19e tag le plus recherché. Une fétichisation qui ne signifie pas pour autant leur respectabilité: «Une femme grosse, c'est comme les pantoufles, on est bien dedans mais on sort pas avec», déplore Marie de Bauer, qui témoigne de son expérience en tant que femme grosse sur le marché de l'amour au micro de C'est compliqué. Cet épisode, malgré la gravité et le sérieux de son sujet, termine sur une note positive: «Vous êtes tous beaux et belles.»