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Pourquoi le non-désir d'enfant est-il si compliqué à faire accepter aux autres?


Clémentine Amblard

Qu'elles soient «childfree» par conscience politique, écologique ou à cause d'une nécessité médicale, des personnes sans enfant racontent leurs parcours.

Pourquoi le non-désir d'enfant est-il si compliqué à faire accepter aux autres?
Krakenimages via Unsplash

Il suffit de passer devant une école à 16h pour réaliser qu'avoir un enfant, ça crée des liens entre des personnes qui ne se connaissent pas. Mais ça peut aussi mettre une distance avec celles que l'on connaît bien. Dans Nullipares ailleurs, Alice Audrezet interroge le rapport d'amitié entre des femmes qui n'ont pas d'enfant (les nullipares) et leurs amies qui sont devenues mères (les primipares ou multipares). «Quand on m'annonce une grossesse, j'ai toujours cette angoisse que peut-être [...] il faudra que je fasse le deuil de ce que j'ai vécu avec cette amie avant», confie Béa, qui a choisi de rester «nullipare à vie».

Aurélie, elle, est dans une situation délicate: si son compagnon souhaite devenir père, elle n'est pas encore sûre de vouloir être mère. «Je ne trouve pas qu'avoir un enfant soit quelque chose de nécessaire ou d'indispensable» dit-elle dans C'est compliqué. Au micro de Lucile Bellan, elle raconte sa crainte que cette divergence d'opinions soit insurmontable, et finisse par les séparer.

Ne pas vouloir d'enfant est un sujet qui déclenche des débats, que ce soit dans la sphère privée ou publique. Dans YESSS, six femmes témoignent de leurs expériences. Pour certaines, c'est un choix politique ou une évidence; pour d'autres, comme Joy, qui subit des effets secondaires à chaque prise de contraception, c'est un soulagement. Elle sait ne pas vouloir d'enfant, et pour elle l'unique solution est la stérilisation. «C'est un branle-bas de combat pour affirmer ce désir de non-enfant. Il faut de la force pour expliquer à chaque fois à un nouveau docteur, puis essuyer un refus, quand il n'est pas accompagné d'un jugement.» Elle n'est pas la seule à subir un manque de considération du corps médical pour sa démarche de stérilisation volontaire.

À lire sur le même sujet: En France, malgré la loi, se faire ligaturer les trompes est un parcours du combattant

Dans Transfert, Anne raconte son parcours vers une contraception définitive: la ligature des trompes. Bien que ce soit pour elle le meilleur choix, elle a tout de même dû convaincre ses médecins ainsi que son entourage. «Quand je commence à exprimer que moi j'aurai pas d'enfant [...], les adultes qui m'entourent m'expliquent à quel point je ne peux pas savoir. Je suis trop jeune, et de toute manière, les femmes ont des enfants.»

Pourtant en 2022, 30% des femmes sans enfant entre 18 et 45 ans déclarent ne pas en vouloir à l'avenir. Pour les trois quarts d'entre elles, les effets de la crise climatique et les risques de surpopulation sont des raisons déterminantes. Ce sujet, Antoine, Marlène et Sarah en débattent dans 20 minutes avant la fin du monde. Pour Sarah c'est clair: «J'ai une vraie inquiétude: mon gamin, à un moment, il sera vieux et il ne pourra juste plus bouffer.» Peut-être que l'argument de la responsabilité climatique satisfera enfin ceux pour qui la parole des femmes n'était pas encore suffisante.