Entre 1972 et 1993, les producteurs de bananes aux Antilles françaises ont utilisé du chlordécone pour se débarrasser du charançon noir du bananier, un insecte qui ravageait les cultures de bananes, pilier de l'économie antillaise. Déposé à mains nues par les ouvriers agricoles au pied des arbres fruitiers, cet insecticide à base de chlore aurait de lourdes conséquences: sur la santé des ouvriers agricoles directement exposés, évidemment, mais aussi pour les sols et les eaux, contaminés pour plusieurs dizaines à centaines d'années selon les endroits. Pourtant, l'État a longtemps traîné pour l'interdire, allant jusqu'à rallonger annuellement son autorisation pour que les propriétaires de bananeraies puissent écouler leurs stocks.
Vivement critiquée pour sa gestion de ce problème de santé publique, la France a mis en place plusieurs plans d'action depuis 2006, malheureusement insuffisants. Les habitants de Guadeloupe et de Martinique doivent désormais faire face à des problèmes sanitaires et écologiques liés au chlordécone. Slate Audio a sélectionné trois podcasts pour tout comprendre à ce scandale.
- Vulgaire, «Le scandale de chlordécone»
Dans cet épisode, Marine Baousson remonte jusqu'aux premières plantations esclavagistes installées aux Antilles françaises, en passant par le développement de la filière bananière dans les années 1960, pour arriver aux dernier rapports d'État sur la dangerosité du chlordécone. Pourtant interdit (pas très fermement) au début des années 1990, ce pesticide à base de chlore polluerait encore la moitié des cours d'eau et un un quart des terres agricoles des deux îles. Les Antillais présentent des taux anormalement élevés de cancers de la prostate et de naissances prématurées, probablement liés à une contamination au chlordécone.
- 20 minutes avant la fin du monde, «Le chlordécone: scandale national, poison colonial?»
La bande d'amis de ce podcast sur l'écologie évoque... l'impact écologique de l'usage de chlordécone aux Antilles. Ils rappellent l'historique légal de ce produit et racontent le manège de lobbies industriels et pharmaceutiques qui, en mettant en doute sa dangerosité, ont permis sa mise sur le marché français, alors même que les États-Unis l'interdisaient à cause de risques cancérogènes.
À lire sur le même sujet: Du «Code noir» au chlordécone, comprendre le refus de l'obligation vaccinale aux Antilles
- Bouffons, «Derrière nos bananes françaises, le scandale du chlordécone»
La banane est le fruit le plus consommé au monde, et il est très prisé des Français: 580.000 tonnes de bananes sont consommées chaque année en France, soit 9 kilos de bananes par habitant et par an. Aux Antilles françaises, un adulte sur vingt travaille dans cette filière qui approvisionne l'Hexagone en fruits. Au micro d'Émilie Laystary, Jessica Oublié, autrice de la bande dessinée Tropiques toxiques (Éditions Les Escales), explique comment les autorités françaises ont volontairement ignoré les risques sanitaires et écologiques causés par l'utilisation du chlordécone afin de garantir un meilleur rendement et donc, plus d'exports de bananes. Elle rappelle également que d'autres molécules de la même famille ont été utilisées aux Antilles, tout aussi toxiques mais moins médiatisées.