Difficile d'être en couple hétérosexuel sans reproduire les disparités économiques genrées dans sa relation, même lorsqu'on est conscient·e qu'elles existent. Souvent, on s'attarde peu sur la manière dont le capitalisme imprègne d'autres pans de notre vie, comme notre sexualité. Avec la multiplication des applications de rencontres, le sexe s'est imprégné malgré lui de valeurs capitalistes, à consommer rapidement et selon une certaine grammaire sexuelle pas seulement hétéro.
- Splash, «Faut-il payer pour trouver un mec ou une meuf ?»
Dans Splash, un épisode basé sur l'essai La fin de l'amour de la sociologue Eva Illouz nous aide à comprendre le business model de nos relations amoureuses. Le sexe, en s'affranchissant de nombreux dogmes (ne pas coucher avant le mariage, avoir un seul partenaire à vie) s'est retrouvé sur un marché exploité par la publicité. D'après la sociologue, «les applications de rencontres reposent sur un nouveau marché néolibéral de la sexualité». En capitalisant sur nos désirs, ces dernières considèrent ainsi l'individu comme un client, une source de données à exploiter.
- AMIES, «Cinquante nuances plus nazes: capitalisme, fessée et toxicité»
Pour ceux qui ne comprendraient pas le lien entre capitalisme et sexualité, cet épisode est un excellent exemple. En près d'une heure, Anaïs Bordages et Marie Telling échangent avec malice sur les absurdités du film Cinquante nuances plus sombres. Entre l'exposition à outrance de la richesse du protagoniste Christian Grey (un milliardaire américain adepte du sadomasochisme) et la domination qu'il exerce sur sa conquête Anastasia Steele, le film dégouline de rapports toxiques à l'argent et au sexe.
- 20 minutes avant la fin du monde, «Jouir mais à quel prix?»
Nos corps et notre sexualité sont régis par les standards de notre société: il faut avoir la silhouette idéale, à tout prix. Gare à ceux qui ne conviendraient pas: les corps gros, âgés ou simplement «hors normes» sont moins «bankables» sur le marché de la sexualité. Une problématique abordée par la bande d'amis de 20 minutes avant la fin du monde, qui se demandent comment et pourquoi les corps sont devenus des produits de consommation (presque) comme les autres.
À lire sur le même sujet: Le sexe était-il meilleur à l'époque du socialisme?
- Le deuxième texte, «Le capitalisme est-il l'ennemi des féministes?»
Pour finir, un épisode qui analyse plus globalement l'impact du capitalisme à travers le manifeste Féministe à 99%, écrit par les trois organisatrices de l'International Women's Strike (un mouvement qui appelle à l'égalité des sexes). Accusé de détruire la planète, les liens sociaux et d'asservir les femmes, le système capitaliste est décrié par cet ouvrage qui met en lumière l'importance de la convergence des luttes. Car dans un monde d'hommes fait par les hommes, le capitalisme a aussi un genre.