Lumière noire
«C’est l’histoire d’une société anesthésiée. D’un monde qui glisse doucement vers le sommeil, à force de lever les yeux vers une lumière, une main tendue, un espoir qui ne viendra jamais. C’est l’histoire d’une voix seule, sans visage, qui parle et hurle et crache sa volonté d’exister dans le néant qui étend son domaine, flamme à demi-éteinte dans cette nuit boursouflée qui déjà précède le règne du silence. C’est une histoire de défaite et de victoire. C’est notre histoire. Un écho résonne au loin, qui monte et monte encore, la rumeur sourde de celles et ceux qu’on croyait endormis mais qui se sont réveillés, la colère, la colère farouche de tant d’âmes qui se pensaient isolées, atomisées, mais qui ne le se sont pas. Elles ne l’ont jamais été. C’est une histoire qui peut s’achever demain. Je crois pourtant… qu’elle ne fait que commencer.
Nous sommes le mercredi 11 mars, il est 22h00 et nous continuons à émettre. Nous ne sommes plus que deux. Les autres ont été pris. Tous. Des murmures glaçants résonnent dans les rues. Les bruits ne semblent plus naturels, les couleurs, les parfums ne sont plus les mêmes. Comme si une nappe de suie avait coulé sur le monde, tout est terne… et calme, plus rien ne vibre donc plus rien ne vit.»