Les sales gosses
Elle est étrange, tout de même, cette société où la formule de l'«Enfant roi», désignant une génération de petits cons ingrats pourris gâtés, est si vite lâchée, et où, dans le même temps, on exige des enfants qu'ils se fassent tout petits, (dans le train, dans les avions, au restaurant, dans la cité). Il existe, de façon totalement paradoxale mais simultanée, des mini boites de nuits pour enfants ET des wagons silence dans le TGV où les enfants sont invités à fermer leur gueule. Les parents, eux, sont, comme souvent, soumis aux injonctions contradictoires.
Thénardier ou BisounoursAvoir un enfant en 2016 et depuis quelques années déjà, semble nécessiter de choisir son camp: Thénardier ou Bisounours. Autoritarisme ou laxisme. Il faut se dépêtrer avec les spécialistes de l'éducation, auteurs de nombreux guides de la parentalité, qui multiplient les alertes: «Attention DANGER, les enfants rois sont en train de prendre le contrôle! Toi, la mère, repose tout de suite ce jouet kinder que tu t'apprêtes à acheter à la caisse du supermarché. Si tu cèdes, ton enfant sera un adulte sociopathe, éternellement insatisfait, narcissique, candidat à une émission de télé réalité sur une émission de la TNT».
Mais, aujourd'hui, fêter l'anniversaire de son enfant avec un gâteau Savane, deux copains, et une vulgaire pêche à la ligne, relève quasiment du crime de lèse-majesté. Chaque année, dès le mois de novembre, on voit fleurir sur instagram, des photos de sublimes calendriers de l'avent fabriqués des propres mains des parents et regorgeant de cadeaux. Le parent qui persiste à acheter un calendrier de l'Avent bourré de chocolat aux graisses saturés, chez Franprix le 8 décembre parce qu'il avait oublié devient un peu suspect. Est-il suffisamment aimant?
Le paradoxeL'enfant doit être fêté, célébré, et l'événement éventuellement exposé sur les réseaux sociaux pour glaner des points sur son permis de parents. Mais pas trop non plus, sinon, PAF! ENFANT ROI.
C'est un paradoxe inextricable. Mais surtout, ce concept de l'«enfant roi», nous semble, à nous, mères de tas d'enfants à nous d'eux, bien paresseux.
On a quand même essayé de mettre de l'ordre dans tout ça. On a surtout assailli Guillemette Faure, auteure de Le meilleur pour mon enfant, la méthode des parents qui ne lisent pas de livres d'éducation, de questions lancinantes:
«le jouet du happy meal, je lui file ou je le balance dans la poubelle en loucedé»
«je dis oui aux costumes de princesses?»
«Non aux écrans?»
«Je le laisse aller à l'école tout seul avant ses 18 ans?»
Bon. Forcément, les réponses ne sont jamais catégoriques et définitives. Heureusement.