La Veillée
«Prendre son destin en main : je me suis souvent demandé ce que cette expression voulait dire. Prendre son destin en main. En revanche, l'expression "on n'échappe pas à son destin", celle-ci, je l'ai comprise très vite. Son destin, mon père n'y a pas échappé et il a dessiné le miens. Je suis la fille d'une homme mort. Nous sommes le 30 juillet 1971, j'ai neuf mois. Mon père embarque dans un avion militaire pour effectuer un saut en parachute. À son bord, 37 personnes. Ils n'ont jamais pu sauter, l'avion s'est écrasé. Il n'y a eu aucun survivant. Mon père avait 31 ans. Pour expliquer la mort à un enfant, Françoise Dolto disait : "On meurt quand on a fini de vivre". Mon père, lui, est mort avant qu'il finisse vraiment de vivre. Alors, petite fille, je ne comprenais pas. Et puis quand on est enfant, la mort c'est réversible, c'est comme quand on joue aux cowboys et aux indiens : on meurt et puis on se relève, on meurt et puis on revit.»
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