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Mutuelles complémentaires: une aide publique fantomatique

Près de 3 millions de Français pourraient bénéficier d’une subvention pour leur santé. La plupart ne le savent pas. Etes-vous concerné?

Un médecin généraliste. REUTERS/Philippe Wojazer.
Un médecin généraliste. REUTERS/Philippe Wojazer.

Temps de lecture: 2 minutes

Il existe en France une forme de solidarité étrangement méconnue: l’Aide à la complémentaire santé (ACS). C’est une subvention destinée aux ménages qui se situent en-dessous de certains plafonds de revenus. Elle a été instaurée en janvier 2005 afin de permettre aux personnes qui dépassent de moins de 35% les revenus plafonds permettant de bénéficier de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) d’accéder tout de même à une complémentaire santé.

En théorie, elle s’adresse aujourd’hui à 3,4 millions de nos concitoyens. Or, ils ne sont que 700.000 à en bénéficier; et ce, pour un budget d’aides consommées de 157 millions d’euros en 2011, selon le rapport d’activité du fonds CMU.

C’est là un véritable scandale de santé publique puisqu’il est amplement démontré que sans mutuelle de santé, on ne se soigne pas ou mal: on sait que près de deux Français sur trois ont repoussé une dépense de santé pour des raisons financières, selon le dernier sondage Sofinscope.

Un seau plus grand doté du même trou

Le 21 janvier, le gouvernement a annoncé l’élargissement du périmètre des bénéficiaires de l’ACS. Très bien. A cette nuance de taille près que c’est tenter de réparer un seau qui fuit en faisant le choix de le remplacer par un seau plus grand doté du même trou au même endroit.

Au-delà de la mesure qu’il vient de prendre, le gouvernement devrait en toute logique s’attaquer au principal obstacle rencontré par l’ACS: aussi extraordinaire que cela puisse être, personne ou presque ne connaît l’existence de ce dispositif. Et surtout pas le public concerné: 78% des personnes ayant droit à cette aide n’en ont jamais fait la demande.

Aucune fatalité ici. Pour résoudre cette difficulté il suffirait, par exemple, de mobiliser les différents acteurs de la santé sur Internet. Plus de 80% des Français utilisent Internet quand ils cherchent une mutuelle ou plus largement des renseignements sur leur santé et celle de leurs proches.

Etre responsable, c'est diffuser l'information

Pour mobiliser les bonnes volontés autour de ce sujet de santé publique qui me touche particulièrement en tant que dirigeant d’un site Internet de comparaison de complémentaires santé, nous avons proposé, dans une lettre ouverte, la création d’une charte et d’un label «Santé Responsable» aux ministres de la Santé et de l’Economie numérique, Marisol Touraine et Fleur Pellerin.

Etre responsable nécessite parfois d’avoir recours à un petit aiguillon. Nous proposons notamment que l’ensemble des sites de santé puissent mieux mettre en avant les informations sur l’ACS.

Nous proposons aussi que ces sites réalisent des simulateurs afin de permettre aux internautes de vérifier automatiquement et simplement leur éligibilité à l’ACS. Si vous vous posez des questions sur ce dispositif (critères, montants de subvention, fonctionnement) ou si vous souhaitez en faire la demande, nous avons rédigé un dossier spécial sur ce sujet que chacun peut consulter librement.

Etre responsable et solidaire, cela peut être de diffuser cette information autour de vous. Il y aura à coup sûr, c’est une certitude statistique, une ou plusieurs personnes de votre entourage susceptible de bénéficier de cette aide publique; une aide qui sera ainsi, progressivement, de moins en moins fantomatique.

Mathieu Morio

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