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John Oliver et Edward Snowden débattent de la surveillance gouvernementale à l'aide d'une photo de pénis

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D'ici le 1er juin prochain, le Congrès américain doit se prononcer sur la prolongation d'une des principales sections du Patriot Act. Un anniversaire qui a fourni à l'animateur britannique John Oliver l'idée d'aller interviewer Edward Snowden à Moscou pour son émission Last Week Tonight, deux ans après les révélations du lanceur d'alerte américain sur les programmes de surveillance de la NSA.

Oliver y interroge Snowden sur sa situation personnelle («Mon pays me manque, ma maison me manque, ma famille me manque») mais le cuisine aussi sur la livraison de documents potentiellement dangereux («Vous ne pouvez pas ne courir aucun risque à partir du moment où vous êtes libre. Le seul moment où vous ne courez aucun risque, c'est en prison») et lui demande son analyse des programmes de surveillance lancés par le gouvernement américain:

«La NSA a le plus grand pouvoir de surveillance jamais vu dans l'histoire de l'humanité. [...] Le vrai problème, c'est qu'ils utilisent ces pouvoirs pour nous rendre vulnérables vis-à-vis d'eux, comme pour dire: "J'ai un flingue pointé sur votre tête, mais je ne vais pas appuyer sur la détente. Faites-moi confiance".»

Montrant à un Snowden souriant des vidéos de passants parlant de diffuser des photos de pénis sur Internet, Oliver l'interroge sur la possibilité pour le gouvernement d'intercepter de telles photos. Réponse de Snowden:

«La bonne nouvelle, c'est qu'il n'y a pas de programme baptisé "Photo de pénis". La mauvaise nouvelle, c'est qu'ils continuent d'amasser des informations sur tout le monde, y compris vos photos de pénis.»

Tendant à Snowden une prétendue photo de son pénis, Oliver lui demande ensuite, pour chaque programme de surveillance (PRISM, le décret 12-333, Upstream, Mystic...), d'expliquer s'il permet d'accéder à elle ou à des informations sur elle. La réponse est à chaque oui, admet Snowden: «Je crois que je n'aurais jamais eu l'idée de formuler le débat du point de vue de votre machin.»

Les gens doivent-ils donc changer leur comportement?

«Vous n'avez pas à changer votre comportement parce que, quelque part, une agence gouvernementale fait quelque chose de mal.»

Réplique de John Oliver:

«Voilà une réponse stimulante à la question: "Hé, pourquoi viens-tu de m'envoyer une photo de ta bite?". "Parce que j'aime l'Amérique, voilà pourquoi."»


Le Washington Post qui, comme beaucoup de médias américains, relaie l'interview, conclut, mi-admiratif, mi pessimiste:

«En formulant le débat autour de la NSA en termes, même ridicules, que les gens peuvent comprendre, Oliver l'a revivifié. Au moins pour 24 heures, disons.»

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