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L'attirance de la Chine pour le jade ne profite pas aux Birmans

<a href="https://www.flickr.com/photos/logatfer/6687490085">Jade Market trinkets</a> / David Boté Estrada via Flickr CC <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0/">Licence By</a>
Jade Market trinkets / David Boté Estrada via Flickr CC Licence By

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Daily Beast, The New York Times, The Time

Les Chinois ont une passion pour le jade, et surtout celle venue du Myanmar (ou Birmanie). Mais leur attirance pour cette pierre nourrit l'instabilité et les problèmes de drogue du pays, comme le raconte le Daily Beast. 

C'est en 1993, lorsque la Chine et la Birmanie ont décidé de construire un pont entre les deux pays, que le commerce du jade s'est intensifié. Le pont a permis un commerce local et les résidents des deux côtés de la frontière sont devenus plus riches. Mais le journaliste contributeur du Daily Beast, Brendon Hong, s'interroge:

«Les morceaux de jade passent à l’est, l’argent passe à l’ouest, que gagnent les Birmans?» 

Rien. Les forces armées du Myanmar (Tatmadaw), sont ceux qui gagnent le plus. The Union of Myanmar Economic Holdings Limited, un conglomérat dirigé par l'armée, possède les mines de jade de l’Etat de Kachin. Un Etat où les tensions sont nombreuses entre les militaires et les rebelles de l'armée de l’indépendance de Kachin (KIA).

Le commerce de la jade est connu au Myanmar pour être lié au trafic de drogue et l’addiction à l’héroïne y est si courante que des seringues propres sont parfois utilisées en guise de monnaie, rapporte le Daily Beast. Le journaliste Brendon Hong raconte que, si les Birmans ont nié qu’il s’agissait d’une mode lorsqu'il les a interrogés, les Chinois lui ont dit quant à eux que c’était au gouvernement birman de surveiller ses citoyens. Un vendeur de jade chinois lui a expliqué:

«Si seulement la tolérance zéro était appliquée, comme en Chine, il n’y aurait plus de problème. Dans ce cas-là, c’est leur problème. La drogue est faite en Birmanie, pas en Chine. Acheter de la jade ne l’affecte pas.»

Pourtant, si ce ne sont pas les Chinois qui piquent les aiguilles dans les bras des habitants, leur volonté de développer le Myanmar dans leur intérêt commercial laisse des traces. Selon le Daily Beast, les villes le long de la frontière birmane ont été construites pour le vice et les Chinois s’y rendent pour les paris, le sexe et la drogue.  


C'est aussi ce qu'expliquait le New York Times en décembre 2014 dans un article accompagné d'un reportage vidéo. Le journal racontait l'histoire de Sang Aung Bau Hkumun adolescent birman en quête de jade pure, devenu héroïnomane:

«Trois ans plus tard, il avait finalement trouvé ce qu'il était venu chercher –une pierre de jade "aussi verte qu'une feuille d'été". Il avait utilisé une partie des 6.000 dollars qu'un commerçant chinois lui avait payé pour acheter une moto, un téléphone portable et faire des paris. "Le reste a disparu dans mes veines", a-t-il dit.»

Le New York Times évoquait aussi la corruption liée au commerce du jade, qui a détourné des miliards en taxes au gouvernement du Myanmar pour se reconstruire après des dizaines années de régime militaire. Cette corruption a également financé des conflits ethniques et déclenché l'addiction à l'héroïne et une épidémie de sida chez les Birmans travaillant dans les mines. 

Mais la corruption nourrit aussi les conflits entre les différentes ethnies du pays. Time Magazine rapportait le 16 mars qu'une bombe avait tué 5 Chinois près de la frontière entre la Chine et le Myanmar. Le Premier ministre chinois Li Keqiang avait accusé les forces armées birmanes, qui se battent contre des insurgés près de la frontière, d'être à l'origine de cet accident. 

La Chine, qui est le plus gros investisseur du Myanmar, n'apprécie pas les tensions qui ont lieu entre l'armée birmane et certains groupes ethniques sur le flanc sud-ouest du pays: la région par laquelle les ressources naturelles comme la jade, le gaz ou le bois traversent la frontière. Pourtant, comme le rappelle Time Magazien, les armées indépendantes de nombreuses ethnies birmanes ont reçu le soutien financier et tactique de l'armée chinoise à une époque. 

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